Page:Revue mensuelle d’économie politique - 1836 - T5.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

(4)

beau circonscrire son étendue est immense, et la discussion en sera long-temps à l’ordre du jour. Il n’est aucun des problèmes de l’économie politique qui ne vienne le compliquer ; il n’est dans la société aucun intérêt moral ou matériel qui n’y entre comme élément.

Mais, tandis que ces questions nous remplissent de doutes pénibles, nous écoliers jeunes ou vieux ; qu’elles divisent et embarrassent nos maîtres ; que les gouvernemens et les administrateurs tremblent quand ils sont obligés, je ne dis pas de les résoudre, mais d’en mettre en pratique des solutions plus ou moins approchées ; n’avons-nous pas vu une nuée d’organisateurs bénévoles se moquer de la timidité des hommes d’État et des penseurs ? Pourquoi, ont-ils dit, s’obstiner à faire de la science avec ce qui existe ? pourquoi ne pas remonter à la théorie pure, à la théorie à priori ? c’est à elle de régner ; aux faits, à l’expérience de s’y plier. Ces créateurs d’un monde nouveau, on ne les accusera pas d’empirisme ; jamais, Dieu merci, la pratique n’a été entre leurs mains. Faisant à l’envi table rase, ils n’ont garde de rien laisser subsister ; il leur faut le chaos et les ténèbres visibles pour dire : Que la lumière se fasse! et ce n’est pas dans les limites du possible que leur omnipotence ira se mettre à l’étroit. Voici ceux qui appellent tous les hommes à faire une masse commune de leurs patrimoines et de leurs travaux, afin qu’une autorité suprême, en vertu de je ne sais quelle mission mystique, emploie et rétribue chacun selon son mérite et ses œuvres, réalisant ainsi sur cette terre ce qui ne nous était promis que pour