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nétoyer le terrain. Quand leur invasion sera complète, nous, pauvres Gaulois, nous apprendrons ce qu’ils comptent faire de nos personnes et de nos biens. Chimères! dit l’autre parti : quand l’âme est sortie du corps, des mouvements galvaniques peuvent un moment encore agiter les membres ; mais la vie n’y est plus ; et tout va retourner en poudre. La Légitimité était l’âme : la France est le corps mort : désormais, il n’y a plus rien à y faire de main d’homme : il n’y a qu’une résurrection à attendre il n’y a qu’à dire avec le Prophète : « Tu te détournes, les créatures sont » troublées ; tu retires ton souffle, elles tombent en » poussière. Mais tu reviens à elles, et tu renouvelles la » face de la terre (1). »

Dans une époque non moins agitée que la nôtre, Montaigne disait que les nations ont une secrète coûture qui les maintient et les conserve au moment où elles semblent prêtes à se dissoudre. La France a éprouvé plusieurs fois la sagesse de l’adage du vieux philosophe. Tout ce qui paraît ébranlé n’est pas détruit. Si les élémens sociaux ont été renversés les uns sur les autres, la fermentation qui s’est déclarée dans leur sein a ranimé, a redoublé la force vitale. Des combinaisons fortuites qui s’y sont formées, il en est qui menaçaient d’incendie, et qu’il fallait neutraliser ; mais il en est aussi de solides, propres à servir de fondement à l’édifice social. C’était à un gouvernement clairvoyant de les distinguer. Le devoir de ne pas désespérer du pays a été accompli. Là où la place n’était pas faite (1) Psaume 1o3.