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La chasse de nouveau. Répétition du scherzo achevée sur un gros roulement.

QUATRIÈME MORCEAU. — Finale. Modérément mouvementé, Mi bémol majeur. Achevé le 5 juin 1880. La première version porte la mention « Fête populaire ». La seconde rédaction a bouleversé toute possibilité d’interprétation sur cette base. Dès lors, nous ne nous en sommes jamais soucié, nous livrant pleinement à nos impressions, et nous conseillons à chacun d’en faire autant.

Un morceau extrêmement discuté par les commentateurs et sur lequel partisans et détracteurs se battent le plus, peut-être à cause de ses tendances cycliques, très inexplicables à l’époque de ces débats. Le fait est que l’idée que Bruckner se fait d’un finale est quelque chose d’absolument spécial et mériterait d’être largement étudié. Ici, non seulement le parallélisme avec le début du premier morceau est frappant, mais nous allons voir revenir certains éléments de celui-ci à peine modifiés, à commencer par le thème fondamental, de même que nous y percevons encore les fanfares pressées de la chasse de tout à l’heure. Tout ceci nous dit bien que nous sommes encore dans la même nature et les mêmes sites que dans tout le reste de l’œuvre. Seulement la saison a avancé, et l’architecture touche à son faite ; ce sont les mauvais jours d’arrière-automne et c’est le couronnement de l’édifice. Ici encore les écrasantes fanfares nous attendent et la composition, par paliers essoufflants, va d’œuvre en œuvre enchérissant, jusqu’aux vertigineux pinacles, clochers et coupoles baroques des symphonies V, VII et surtout VIII. Ici, les proportions cependant restent encore à peu près normales, — normales pour du Bruckner bien entendu. — On ne se sent pas encore près de désirer l’audition dans les cathédrales immenses ou dans les formidables églises abbatiales des bords du Danube. Mais nous n’en sommes pas loin. Je recommande à une toute spéciale attention le contraste de ces architectures massives et surchargées, et de ces recoins de tendresse et de nature, — fenêtre ouverte sur le paysage et jours sur l’âme du poète — où Bruckner se livre tout entier, avec toute la chaleur et l’éternelle