L’auteur aborde en effet, à la fin du volume, la transposition, les modulations et les accords.
S’il faut faire une petite place à la critique, nous dirons que l’auteur, puisqu’il jugeait à propos de ne pas expliquer encore les intervalles augmentés et diminués, devait peut-être ne pas parler en terminant des accords correspondant à ces intervalles.
Peut-être aussi risque-t-on de troubler un peu les enfants en notant en clef de fa les secondes parties des exercices, puisqu’ils devront quand même les chanter au même octave que leurs camarades de la première partie, comme si la leur était écrite en octave au-dessus, ou en clef de sol aussi. M. Marmontel prévoit du reste l’objection et compte sur le maître pour en faire la remarque aux élèves. Il est certain qu’il est bon de rompre les élèves à la lecture en clef de fa, mais peut-être vaudrait-il mieux le faire dans des exercices à une seule voix. De cette manière d’ailleurs tous les élèves s’habitueraient en même temps à cette clef, car comme ce sont les meilleurs musiciens qu’on charge de préférence de la seconde partie, elle reste trop souvent composée des mêmes élèves.
La plus frappante des innovations de M. Marmontel réside dans les morceaux choisis.
L’auteur ne s’est pas contenté de réunir à la fin de son livre, en manière de délassement, les fragments des auteurs classiques, modernes et contemporains qu’il destinait à sa Deuxième année[1]. Il en a choisi d’autres, qu’il a scrupuleusement placés au courant du cours même, et qui font corps avec les exercices qu’il a composés pour ce cours.
M. Marmontel ne pouvait prouver d’une façon plus éclatante qu’en matière d’art les plus purs chefs-d’œuvre, ceux dont la beauté est le moins contestée, sont aussi les plus simples. Il épargne du même coup au maître l’une des parties les plus délicates de sa tâche. Combien de fois, désireux de varier son enseignement et de développer le goût musical chez ses élèves, le maître était-il fort empêché de choisir dans un recueil le fragment classique qui serait à sa place au point même du cours qu’il avait atteint ?
Mais ce qui nous fait peut-être encore le plus sensible plaisir, c’est de voir que l’auteur ne donne un morceau que quand il n’est pas obligé de le dénaturer. Nous déplorions souvent de voir dans certaines anthologies des fragments dont les paroles, qui avaient dû être remplacées, n’étaient plus dans le moindre rapport avec le sentiment exprimé par le compositeur, dont le texte musical lui-même était si bien découpé et simplifié que sous ce travestissement on avait peine à reconnaître l’original.