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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1894.djvu/64

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REVUE PÉDAGOGIQUE

nation, il n’en est pas de même pour la revaccination. La résistance à cette dernière opération est un souvenir de l’époque lointaine où l’on croyait à la pérennité de l’action prophylactique de la vaccine, quand elle n’est pas l’effet d’une sorte d’insanité consistant à dire : Pourquoi mes enfants seraient-ils revaccinés, puisque je ne l’ai jamais été ?

Un autre mode de résistance, et qui a exigé de la part des instituteurs des efforts beaucoup plus sérieux, est celui qui prend sa source non pas seulement dans un manque de foi en l’utilité de la revaccination, mais dans une défiance à l’endroit de la vaccine elle-même, défiance reposant sur l’ignorance, les préjugés et les relations idiotes de maladies plus ou moins graves attribuées par des matrones à la découverte de Jenner. À ces causes de résistance il faut ajouter l’apathie et l’indifférence naturelles aux habitants de la campagne pour tout ce qui ne touche pas à leurs intérêts pécuniaires.

Il est facile de comprendre que pour triompher de cette insouciance et de ces mauvais vouloirs la tâche des instituteurs a dû souvent être assez rude ; mais leur dévouement s’est manifesté à maintes reprises sous d’autres formes que nous allons énumérer.

Un instituteur public du département de l’Aisne, le nommé Lelong, a réussi à faire inscrire au budget de sa commune (Boué) un crédit qui lui a permis de revacciner tous les élèves de son école.

L’instituteur Capolini, commune de Guagno (Corse), qui n’avait pu faire revacciner les enfants de son école, faute du vaccin nécessaire pour l’opération, se procura à prix d’argent un certain nombre de tubes de vaccin à l’aide desquels 67 revaccinations furent pratiquées.

Couturier, instituteur public à Méasne (Creuse), non content d’avoir obtenu d’une sage-femme qu’elle pratiquât 146 revaccinations dans son école, stimula si bien son zèle qu’elle continua à revacciner dans le département de l’Indre.

M. et Mme Pinet, l’un instituteur, l’autre institutrice de l’école communale de Rousset (Drôme), ont, en 1892, dans le cours d’une épidémie de variole, fourni de leurs deniers à la sage-femme le vaccin nécessaire pour les revaccinations. Ils ignoraient probablement, comme Capolini, la gratuité de notre vaccin. De 1886 à 1893, ils ont fait pratiquer 174 opérations vaccinales.

Combes, instituteur public à Perpezac-le-Noir (Corrèze), indépendamment de 245 opérations vaccinales, dont 174 revaccinations, a, dans son ardeur à propager la vaccine, réussi, en dehors de son école, à faire vacciner 328 et revacciner 566 personnes (épidémie de 1893).

Dans le même département, M. et Mme Vallat, l’un instituteur, l’autre institutrice de l’école communale de Pandrignes (Corrèze), ont uni leurs efforts pendant l’épidémie de 1893 pour faire vacciner ou revacciner 85 enfants et, en dehors de l’école, 88 personnes. Les mêmes actes de dévouement ont été accomplis dans la Corrèze par Forges, instituteur à Saint-Pardoux-l’Ortigier, qui, outre 122 revaccinations dans son école, a fait revacciner 108 personnes dans le cours