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analyses. — bertinaria. Filosofia trascendente.

positiviste sans le savoir qui, laissant de côté toute recherche sur la nature des choses, s’est préoccupé avant tout de fixer les principes qui devaient gouverner la vie d’un Athénien. Ces deux principes sont le concept de la cité et l’idée de la science. Il emprunta le premier à la conscience athénienne, le second à l’enseignement des sophistes. Quand on veut expliquer Socrate en le considérant à travers l’un des systèmes qui sont sortis de lui, on fait violence aux faits et l’on cesse de comprendre comment son influence a donné naissance à un grand nombre de philosophies différentes. La vraie explication de ce « géant de la pensée » doit être puisée dans la considération de son milieu historique : il ne fut que l’interprète de la conscience athénienne. — D’ailleurs on chercherait en vain dans l’opuscule que nous analysons la preuve de ces assertions. On ne la trouvera pas davantage dans les appendices fort développés qui le suivent, à moins qu’on ne se contente de la démonstration indirecte qui résulte du dernier chapitre où toute valeur est refusée au témoignage de Platon sur Socrate, et où les mérites de Xénophon sont exaltés sans réserve.

A. E.

Bertinaria (Francesco) : La dottrina dell’evoluzione e la filosofia trascendente :  ; discorso pronuncicato per la solenne inaugurazione dell' anno academico, 1875-1876, Genova.

Le caractère original du discours prononcé à Gènes par M. Bertinaria, c’est qu’il renferme à la fois une acceptation du Darwinisme et une critique de la philosophie de l’évolution. D’ordinaire en effet, et il paraît au premier abord, difficile qu’il en soit autrement, on accueille ou l’on repousse les deux à la fois, l’un n’étant qu’une conséquence de l’autre. Le professeur génois en a jugé différemment. Jaloux avant tout des droits de la métaphysique, pourvu que la notion de l’absolu soit maintenue, peu lui importe le mode de développement que l’on assigne au monde. Pour lui il est familier avec l’idée de l’absolu ; et il déclare que pour ceux de ses lecteurs qui n’ont pas atteint la conscience absolue et sont encore « dans les langes de la raison conditionnelle » son langage doit paraître inintelligible. Soit que nous soyons sorti de ces langes, soit que M. Bertinaria se calomnie, son exposition nous a paru de la plus grande lucidité. C’est une défense de la métaphysique contre la philosophie du relatif. Il expose très-bien les origines et les principales formes de cette dernière. Suivant lui, il y a au sommet de chaque science une question qu’elle est impuissante à résoudre, réduite à ses propres forces. Cette question c’est celle de son principe même. A plus forte raison les sciences partielles sont-elles incapables de construire d’une manière systématique la connaissance de l’univers : la philosophie positive ne présente que des théories éparses et incohérentes. Une de ses prétentions les plus condamnables est de vouloir réduire la vie et le progrès à leurs