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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS



ITALIE : La filosofia delle scuole italiane. Février, avril.


Février. 1° M. Ferri achève la première série de ses études sur la conscience. Son principal effort porte sur ces phénomènes mixtes qui tiennent du physique et du moral à la fois, par lesquels le monde extérieur se peint dans la pensée. Il s’oppose à ceux qui veulent établir une démarcation tranchée entre l’activité pensante et les mouvements extérieurs, comme à ceux qui voudraient faire de la pensée la doublure de ces mouvements et la face inverse du corps. Il maintient l’existence d’une région intermédiaire où la pensée ne peut s’exercer sans reposer sur l’intuition de l’espace, mais aussi où l’étendue mobile, le corps ne peut être représenté sans l’intervention de l’activité propre du moi. Ainsi, d’une part, l’espace est la forme de toute la sensibilité ; il y a plus : il est la forme et l’objet direct de la conscience. D’autre part cette forme est elle-même un fait de conscience ; elle appartient à la sphère des réalités intérieures ; elle est avant tout un acte du moi, acte sans lequel le moi ne se saisirait pas lui-même, mais qui à son tour n’existerait pas sans le moi et se rattache à lui comme à sa cause. M. Ferri s’appuie sur cette analyse pour rejeter hors de la conscience le corps, ou pour parler son langage, le phénomène. Les représentations ne sont pas de véritables phénomènes : modes inhérents à* un sujet présent à lui-même, qui se connaît et connaît le lien qui les unit à lui, ils ne peuvent être confondus avec de pures apparences ; ce sont des actes. Il faut donc distinguer des choses d’ordinaire confondues dans le fait complexe de la sensation : 1° la force corporelle, qui nous est tout à fait extérieure et qui n’agit pas directement sur nous ; 2° l’extension mobile, la sensation localisée que nous percevons directement, « entité intermédiaire sui generis ; » 3° l’activité du moi, ou la conscience qui est une énergie en possession de soi, différente du contenu sensible où elle est engagée, supérieure au champ de l’étendue mobile où elle s’exerce. Cependant il n’y a pas de solution de continuité entre ces divers éléments : le phénomène est dans la sensation, et la sensation dans la conscience ; le tout forme une chaîne où la force mécanique et l’activité pensante tiennent les extrémités, mais où l’intervalle intermédiaire est occupé par une longue série de représentations à la fois passives et actives, éten-