UN MÉTAPHYSICIEN ANGLAIS CONTEMPORAIN
On s’est beaucoup occupé en France, dans ces dernières années, de l’École anglaise expérimentale. Le mouvement a été donné par l’étude de M. Ribot sur la Psychologie anglaise, et il a été suivi avec entrain. Des traductions, des travaux de tout genre nous ont permis d’étudier, non sans profit, les théories des deux Mill, celles de MM. Bain, Herbert Spencer, Lewes, etc. La parenté de ces théories avec les doctrines de M. Darwin n’a pas peu contribué à cette faveur.
Personne assurément ne se plaindra de cet entraînement ; mais peut-être a-t-il eu pour effet de nous faire trop négliger un autre aspect de la philosophie anglaise contemporaine, de nous rendre trop étrangers à de tout autres théories, dont le développement est parallèle à celui des premières. Sans doute, les travaux de sir W. Hamilton sont connus des lecteurs français ; mais ceux du Dr Whewell, de M. Mansel, de M. Ferrier, qui sont plus récents, n’ont-ils pas un peu trop souffert de la concurrence que leur a faite, chez nous, l’École expérimentale ? Ne serait-on pas porté à croire, par suite de cette préférence un peu exclusive, que le positivisme règne aujourd’hui sans partage en Angleterre, et que les représentants de la métaphysique, s’il en reste chez nos voisins, ne méritent pas de compter ? Ce serait une grave erreur. Il y a encore au-delà du détroit, des penseurs distingués qui ne se sont pas enrôlés sous la bannière de l’associationisme, et dont les œuvres ont excité quelquefois l’admiration de leurs adversaires eux-mêmes. Parmi ces partisans de la méthode « à priori, » et au premier rang, se place M. Ferrier. Son principal ouvrage « Institutes of Metaphysic[1] » est, au jugement de M. Lewes, un. des livres les plus remarquables de
- ↑ Institutes of metaphysic. The theory of Knowing and being, by J. F. Ferrier, A. B. Oxon, professer of moral philosophy and political economy in the university of St-Andrews. Third édition. Edinburgh and London, 1875.
