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analyses. — ellero. I Vincoli, etc.

P. Ellero. — I vincoli dell’umana aleanza al corso di diplomazia e storia dei trattati dato nell’universita di bologna, 1876.

M. Pietro Ellero trace rapidement dans son discours d’ouverture l’histoire du droit des gens. Ce tableau sommaire est clair et d’une belle ordonnance. Les différentes sortes de contrats internationaux qui se sont succédé depuis l’antiquité la plus reculée jusqu’à nos jours sont caractérisées par l’auteur avec assez de bonheur, surtout en ce qui concerne l’antiquité classique. À mesure que l’on s’approche des temps modernes, il semble que la pensée devienne plus hésitante et sente le besoin de s’appuyer sur des faits de détail qui sont du domaine commun de l’histoire au lieu d’embrasser les événements sous les mêmes vues synthétiques. Le fil conducteur suivi par M. Ellero est plutôt dès lors une idée politique, qu’une conception philosophique. Il ne peut admettre que l’élément germanique ait en Europe une mission civilisatrice ; tout ce qui n’est pas romain ou du moins latin lui parait un obstacle à l’avènement d’un régime légal entre les nations. C’est de ce point de vue qu’il exalte la politique romaine dans l’antiquité, qu’il combat ceux pour lesquels le moyen-âge ne serait pas une rétrogradation, et qu’il condamne les sympathies de quelques-uns de ses compatriotes pour l’étranger non latin. M. Ellero est l’auteur d’un livre fort agréable sur La question sociale (Bologne, 1871, 1 vol. 433 pages) où les problèmes sociaux sont agités avec hardiesse et passion, mais non sans gravité. La seconde partie de ce volume est consacrée à chercher dans l’histoire des institutions fondamentales de la société des lumières sur ce que doit être leur avenir. Le lecteur français ne se sent point dépaysé dans les ouvrages du professeur de Bologne, qui est fort au courant des mouvements de la pensée française pendant les deux derniers siècles, et procède surtout (dans ses défauts comme dans ses mérites) de notre J, -J. Rousseau.

A. Espinas.