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e. cazelles. — morale de grote

les sujets sur lesquels il était capable de répandre des clartés nouvelles. Les lecteurs des deux grands ouvrages de Grote, l’Histoire de la Grèce, et Platon, savent qu’il avait des idées arrêtées sur les questions d’éthique : plusieurs se sont étonnés qu’il ne les ait pas exposées dans un traité méthodique. Les fragments qu’on vient d’extraire des nombreux manuscrits qu’il a laissés, sont loin de satisfaire notre curiosité à cet égard ; ils redoubleraient bien plutôt nos regrets, car ils nous offrent la preuve que Grote, engagé dans la voie ouverte par James Mill, aurait pu nous laisser une théorie psychologique de la morale basée à la fois sur le principe de l’utilité et sur la doctrine de l’association.

Le premier morceau, intitulé Origine et nature du sentiment éthique, est une analyse psychologique préliminaire destinée, à ce qu’il paraît, à diriger l’étude des idées morale, du monde hellénique avant Socrate ; mais cette étude, annoncée au début même du morceau, nous manque.

Le second, intitulé Philosophie de la morale, approfondit l’idée analysée dans le premier. L’auteur y montre comment la conscience propre de l’agent est un produit de l’opinion sociale, et comment les motifs subjectifs de l’agent se substituent aux motifs objectifs primitivement donnés dans la sanction de la société.

Dans le troisième, Anciens systèmes de philosophie morale, l’auteur examine l’idée maîtresse des philosophies morales de l’antiquité, le summum bonum, le bien de l’agent, et montre la nécessité de comprendre dans cette notion celle du bien général qui est la base des distinctions morales.

Le quatrième, Idée d’une philosophie éthique, est le plus long. C’est l’étude du sentiment de l’obligation morale, chez l’enfant et à l’origine des sociétés. L’auteur fait voir comment ce sentiment se double de celui de la réciprocité entre l’agent et la société, c’est-à-dire de l’idée de droit. Il décrit l’origine du sentiment d’approbation et de désapprobation morale ; il explique comment ce sentiment s’attache aux actes mêmes, indépendamment des conséquences actuelles ou lointaines, et comment les sentiments de l’obligation et de la réciprocité sociale s’idéalisent pour devenir la conscience morale rationnelle.

Deux autres morceaux, l’un sur la morale, l’autre sur la politique d’Aristote, et une courte préface de M. Bain complètent le volume dont nous voulons entretenir nos lecteurs.

Les mêmes idées se retrouvent dans les quatre premiers fragments, et l’un d’eux, le quatrième, nous présente jusqu’à trois fois la répétition du même sujet. Il semble que l’auteur ait tâtonné, non