Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
369
Luigi Ferri. — le procès de galilée

est motivé par les théories de Copernic et de Galilée sur le système du monde ; il a pour base principale deux propositions tirées d’une publication du grand physicien sur les taches solaires, propositions dans lesquelles les idées nouvelles sont formulées, et il se termine par une admonestation infligée au novateur par le cardinal Bellarmin et le commissaire-général du Saint-Office d’après le commandement du Pape, Cette admonestation consistait dans l’ordre absolu de renoncer à son opinion sur le mouvement de la terre et la position centrale du soleil, ainsi qu’en la défense de jamais s’en occuper, l’enseigner ou la défendre, soit de vive voix, soit par écrit, et de quelque façon que ce fût, sous peine de subir un nouveau procès devant l’Inquisition ; nec eam de cetera quovis modo teneat, doceat aut defendat verbo aut scriptis, alias contra ipsum procedetur in Sancto Officio.

Le second, celui de 1633, a également pour point de départ une publication de Galilée, les Dialogues sur les deux systèmes de Ptolémée et de Copernic ; il comprend l’intimation faite à Galilée de se rendre à Rome pour comparaître devant le tribunal du Saint-Office, son incarcération, son interrogatoire, son abjuration, sa condamnation à la prison.

Des écrivains qui avaient intérêt à déguiser la vérité et à présenter sous un jour moins défavorable le rôle joué par l’autorité ecclésiastique dans ces odieux procès, se sont efforcés de rejeter sur la conduite de la victime la responsabilité qui pèse sur les persécuteurs. M. Berti démontre surabondamment que le premier procès de Galilée a eu pour but unique la condamnation des idées nouvelles sur le système du monde, comme contraires au miracle de Josué raconté dans la Bible et généralement à la lettre de l’Écriture-Sainte ; il cite les écrits de Galilée où la séparation de la science et de la Foi est professée de la manière la plus explicite, et confirme que c’est au contraire la théologie qui, se mêlant de gouverner la science, a donné l’exemple d’un arbitre insensé.

Mais, dit-on, Galilée a manqué à une promesse formelle. Le cardinal Bellarmin et le commissaire général du Saint-Office ne lui avaient-ils pas prescrit au nom du Pape, de ne plus s’occuper du système de Copernic et d’y renoncer même dans son for intérieur ? Et contrairement à sa parole n’a-t-il pas publié les Dialogues sur les deux systèmes où les raisons qui militent en faveur des idées nouvelles sont exposées avec une force qui contraste avec la faiblesse des arguments de la partie adverse ? Qu’on reconnaisse, au moins, que Galilée a manqué de prudence et qu’il s’est exposé volontairement aux conséquences de son procédé.