Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/416

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
406
revue philosophique

de Schopenhauer par exemple, que l’instinct sexuel pourra être aboli quelque jour ; que les appétits de la faim et de la soif finiront par être vaincus ? L’homme n’est pas le maître de ses instincts ; et c’est une erreur de Spinoza d’avoir cru que la volonté pouvait dominer les passions par la science. — Sur le fond des penchants primitifs se produisent tous ces mouvements de la sensibilité, qu’on désigne sous le nom d’émotions, de passions. Le psychologue n’a pas su encore en donner une bonne classification, en présenter une explication vraiment scientifique. La distinction des sentiments égoïstes et des sentiments altruistes date seulement de Comte.

Entendement et raison (Verstand und Vernunft). — La fonction de l’Entendement est de connaître les raisons des choses ; celle de la Raison, d’agir en conformité avec cette connaissance. — Les diverses analyses qui ont été faites jusqu’ici de notre faculté de connaître trahissent leur insuffisance par tous les côtés. On sait assez bien distinguer les facultés intellectuelles par la diversité de leurs objets et de leurs produits. Mais on n’est pas en état d’analyser les rouages, de suivre le jeu de leur fonctionnement intérieur. C’est qu’il ne suffit pas pour cela de consulter la conscience ; il faudrait s’appuyer sur la science exacte de l’organisation cérébrale ; et la physiologie est encore trop peu avancée sur ce point. — Nous n’avons ainsi que des théories provisoires sur la mémoire, l’association des idées, l’imagination. — La liberté, dont on veut faire le caractère essentiel de la faculté que nous avons désignée sous le nom de Raison, n’est que le pouvoir de se déterminer par des motifs, c’est-à-dire par des idées. Le mot volonté a donné heu à bien des confusions. Le vouloir n’est en définitive que la résultante du jeu combiné des appétits et des passions avec les motifs de l’entendement : et des lois nécessaires gouvernent ces combinaisons. « Toutes les conceptions enfantines sur l’existence d’une liberté intérieure sont ainsi rationnellement écartées. » (187.) À ces théories aussi déraisonnables que stériles nous substituons la doctrine du déterminisme absolu de la volonté, une doctrine aussi féconde en applications pratiques que satisfaisante pour la pensée et la science.

(À continuer.)
Nolen.


Dr Maudsley. The Physiology of Mind. (Physiologie de l’esprit). Macmillan. London, 1876, in-12, XIX-547 pages.

M. le Dr Maudsley n’est guère connu chez nous que par son livre Sur la responsabilité dans les maladies mentales, qui a été traduit en français sous ce titre : Le crime et la folie. Mais ce livre est loin d’être le plus important qu’ait écrit l’auteur ; sans parler de son Body and Mind et des nombreux articles qu’il a insérés dans le Journal of mental science, il publia en 1867 son ouvrage capital : Physiology and pathology of Mind, dont la 3e édition, refondue et remaniée, vient de