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analyses. — maudsley. Physiologie de l’esprit.

paraître. Le premier volume seul est entre les mains du public. En les comparant avec soin à la deuxième édition, nous n’avons trouvé aucun changement quant à la doctrine : nous avons même constaté dans un très-grand nombre d’endroits que l’auteur, par des additions et des développements nouveaux, affirmait de plus en plus ses opinions et sa méthode.

Cette méthode, exposée en détail dans le chapitre Ier (The Method of the study of Mind), nous intéresse principalement. La thèse du Dr  Maudsley a soulevé dans son pays et ailleurs des objections dont nous avons parlé ici même[1], mais qui n’ont fourni à l’auteur qu’une occasion de s’exprimer plus catégoriquement. Elle se réduit à deux choses ; une critique très-vive de la méthode d’observation intérieure (introspection) ; une apologie de la méthode physiologique.

M. Maudsley est un contempteur décidé de la métaphysique. « De nos jours, dit-il (p. 13), elle n’est plus cultivée que par des gens dont c’est le métier ; qui, occupant des chaires de professeur, ont beaucoup de loisir pour s’observer intérieurement, et peu d’occasions de pratiquer l’observation dure et difficile. Ajoutons-y quelques ambitieux jeunes gens qui sont pris d’une attaque de métaphysique, comme un enfant subit une attaque de rougeole, gagnant d’ailleurs ainsi, pour le reste de leur vie, l’immunité contre une semblable affection. Enfin, il y a encore des philosophes ingénieux et actifs, mais qui, n’ayant pas été disciplinés par la méthode des sciences naturelles, ne vivent que dans le monde idéal de la pensée. » L’auteur, au contraire, parle toujours en pur physiologiste, constamment appuyé sur les données de l’anatomie et de la pathologie.

Sa critique de la méthode, dite psychologique ou d’observation intérieure, reproduit plusieurs objections souvent faites (difficulté de ce mode d’observation, désaccord des observateurs entre eux, impossibilité d’être à la fois sujet impartial et objet de l’observation). Il y insiste peu, pour présenter d’autres objections moins communes :

1° C’est une maxime fondamentale de la méthode inductive, que l’observation doit commencer par les cas les plus simples : or, le psychologue qui s’observe en esprit raffiné ne peut saisir en lui-même que des états très-complexes. Il commence donc par la fin.

2° La conscience, qui n’est pas même capable de nous dire que nous avons un cerveau, ne nous donne pas la moindre idée des conditions les plus essentielles de l’activité mentale.

3° Par nature, la conscience ne peut absolument rien nous apprendre de ce qui est en dehors d’elle : par suite l’immense domaine de l’inconscient lui échappe, et il faut ou bien le rayer de la psychologie ou bien l’atteindre par d’autres moyens.

4° Et ce n’est pas seulement l’assimilation inconsciente des impressions qui échappe à l’observation intérieure, c’est aussi l’existence

  1. Revue philosophique. Février 1876, p. 211.