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humaine, « de cette importance de la vie affective qui révèle la nature essentielle de l’homme, parce qu’elle plonge plus profondément dans la nature que l’intellect ; tout comme la vie organique qui lui sert de base est plus intime et plus profonde que la vie animale. Elle exprime le ton fondamental de ses éléments nerveux qui est lui-même le résultat de sa constitution actuelle, héritée et acquise » (p. 351). — Un élément organique, un stimulus externe, tels sont pour Maudsley les deux éléments fondamentaux de tout état affectif : une conception, un état spécifique de l’intelligence s’y ajoute et détermine le caractère spécifique de l’émotion. C’est le rôle capital de cet élément organique dans les passions (en particulier dans celles qui se lient aux organes de la reproduction, p. 371, 374), qui rend ici la psychologie subjective complètement impuissante ; puisque la conscience ne peut rien nous apprendre sur la connexion entre une émotion et un organe corporel. — L’auteur termine par des emprunts faits au récent ouvrage de Darwin sur l’Expression des émotions et en renvoyant après Müller et d’autres physiologistes « à cette admirable étude de Spinoza sur les passions, qui sera si difficilement surpassée » (p. 390).

Il est inutile d’ajouter que ce court article ne peut donner aucune idée de la grande richesse de faits et de détails qui se trouvent dans la Physiology of Mind. En ce qui touche l’anatomie et la physiologie du système nerveux, l’auteur nous paraît l’avoir mis au courant des travaux les plus récents et il y a ajouté sous forme de notes ou d’additions beaucoup d’emprunts faits à son Journal of mental science. Ce livre mérite donc d’être lu chez nous ; car, dans ce grand mouvement qui a produit récemment, en Angleterre, tant de travaux remarquables sur la psychologie, l’auteur a sa place à part : il procède surtout en physiologiste et eu pathologiste. Il ne faut pas oublier non plus que ce premier volume n’est qu’une préparation au traité de psychologie morbide (The Pathology of Mind) qui, nous l’espérons, paraîtra bientôt.

Th. Ribot.

Volkmann Ritter von Volkmar. — Manuel de Psychologie, etc. (Lehrbuch der Psychologie vom Standpunkte des Realismus und nach genetischer Methode.) Cœthen. Otto Schulze, 2 vol. grand-in-8°, 1875-1876.

Voici un livre dont personne n’a encore parlé chez nous, mais qui a reçu, dans son pays et en Angleterre, le plus favorable accueil. Un critique de la Westminster Review le caractérisait récemment en disant que l’auteur a fait pour la psychologie ce que Ueberweg a fait pour la logique : une exposition claire, méthodique et absolument complète du sujet. L’érudition de M. de Volkmar est immense et ceux-là seuls qui ont pratiqué son livre, peuvent s’en faire une idée. Toutes les doctrines