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analyses. — h. luguet. Le traité de l’âme.

aussi à beaucoup d’esprits exagérée ; sa défense de la Scolastique peut provoquer en certains endroits la contradiction, ou appeler des réserves chez les mieux disposés… Son travail n’en offre pas moins un sérieux intérêt et mérite d’être recommandé à tous ceux qui s’occupent d’histoire de la philosophie, — Ce qui ressort à nos yeux de l’ensemble de cette étude, c’est que Jean de La Rochelle fut un esprit distingué mais peu original. Il ne fait guère, après tout, que reproduire les théories d’Aristote déjà commentées par ses prédécesseurs. Ce qu’il ajoute est de saint Augustin ou de tel autre docteur, qui fait autorité dans l’École ou dans l’Église.

M. Luguet, voulant marquer l’importance de son auteur, rassemble aussi ses titres (p. 475). « Son enseignement fut suivi par l’École, ses œuvres furent étudiées par Pierre d’Ailly, l’aigle des docteurs. Elles inspiraient un attrait particulier au docte et pieux Gerson. Sa part est assez belle, c’est celle du labeur et de la passion rigide. » Il n’y a pas là sans doute de quoi justifier l’éloge hyperbolique que fait de lui l’historien ecclésiastique (Trithème) : in philosophia Aristotelica magnifice doctus. Mais c’est assez pour confirmer le jugement que porte de lui M. Hauréau dans son livre Sur la Scolastique : « Le Traité de l’âme de Jean de La Rochelle est un écrit digne d’estime, qui contient la matière des écrits donnés plus tard à l’École par Albert le Grand et par saint Thomas. »

Ch. B.

Rowland G. Hazard : Zwei Briefe ueber Verursaghung und Freiheit im Wollen, gerightet an John Stuart Mill. — Mit einem Anhang über die Existenz des Stoffes und unsere Begriffe des unendlichen Raumes. (Deux lettres sur la Causalité et la Liberté dans la Volonté, adressées à J. Stuart Mill. — Avec un appendice sur l’Existence de la matière et notre conception de l’Espace infini). New-York et Leipzig, 1875.

Ce volume de M. Hazard, écrit en anglais, et publié à New-York du vivant de John Stuart Mill, a passé en Europe sous la forme d’une traduction allemande, et c’est ainsi qu’il a été mis en circulation dans le monde philosophique de l’ancien continent. L’auteur essaie d’éclaircir le grand problème autour duquel depuis Hume se sont accumulées les discussions de toutes les écoles, le problème de la causalité. Qu’est-ce qu’une cause ? Y a-t-il des causes ? Parmi ces causes, y en a-t-il qui méritent le nom de causes libres ? tels sont les sujets traités dans ces deux lettres adressées à St. Mill. Ce n’est pas la première fois, du reste, que M. Hazard s’occupe de ces questions ; il les a examinées dans plusieurs ouvrages antérieurs et notamment dans son volume intitulé : « Freedom of mind in Willing or Every Being that Wills a Creative First