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analyses. — hazard. Deux lettres à Stuart Mill.

notre liberté. M. Mill les appelle des antécédents moraux et place au premier rang parmi eux les désirs et les penchants : mais ce ne sont pas là des êtres doués de force, ce ne sont que des états de l’esprit qui ne peuvent empêcher l’esprit de diriger sa propre activité. Un désir, un besoin ne possède aucune activité : il est seulement un des états passifs par lesquels l’esprit manifeste son activité. Le point de départ de, cette activité est toujours l’attente d’effets futurs, et cette attente est une simple connaissance intellectuelle sans force active.

Le défaut d’espace nous empêche de citer bon nombre de remarques curieuses qui mériteraient un plus long examen. Nous nous contenterons d’exprimer une critique générale que nous suggère l’ensemble du livre. M. Hazard a quelque peu les qualités et les défauts du philosophe qu’il a étudié avec tant de soin : comme Stuart Mill et ses principaux disciples, il est beaucoup plus logicien que psychologue : il analyse plutôt le concept abstrait de la liberté que le phénomène du libre vouloir. Cette prépondérance de la logique sur la psychologie nous explique le caractère de l’œuvre de M. Hazard : la régularité extérieure des divisions, l’ingénieuse subtilité des observations, la rigueur apparente des méthodes, mais aussi l’opposition que l’on peut constater souvent entre la théorie et les faits de la vie réelle. Ce dernier reproche ne pourrait-il pas s’adressera J. Stuart Mill lui-même ? n’est-ce pas là le principal défaut des procédés de l’école asassociationiste ?

A. Éphraim.

O. Merten : Éléments de philosophie populaire, in-18. Namur, Wesmael-Charlier, 1876.

M. Merten, professeur à l’Université de Gand, s’est proposé dans ce petit livre de mettre à la portée de tous les principaux résultats de la méthode d’observation appliquée à la philosophie. Malgré son titre, cet ouvrage, si l’on en excepte deux ou trois chapitres, est consacré à la psychologie seule. Nous ne nous en plaignons pas. En ce temps où l’on s’applique à vulgariser toute science, il ne serait pas inutile d’exposer en termes simples et clairs le peu qu’on sait du mécanisme de l’esprit et de ses fonctions. Mais il nous semble que l’auteur aurait dû employer une tout autre méthode. Son livre ne consiste guère qu’en phrases abstraites et en considérations générales. Il aurait fallu au contraire beaucoup de faits, très-ordinaires, accessibles à tous les esprits, avec le moins possible d’abstractions.

Écrire un traité populaire n’est pas chose si facile qu’on le pense. Il faut prendre d’autres habitudes de langage, s’adapter à un genre particulier d’esprits ; bref, faire une traduction continuelle des termes scientifiques en données sensibles et en faits vulgaires.