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périodiques.La Filosofia delle scuole Italiane.

L’instinct est supérieur au mécanisme, l’intelligence est supérieure à l’instinct ; et il importe de ne pas les confondre. À ne considérer qu’un groupe de faits pris au hasard, par exemple l’institution de la famille, les différences éclatent entre l’activité animale et l’activité humaine. Tandis que chez les animaux règne la promiscuité (on oublie les oiseaux monogames), seul l’homme célèbre depuis un temps immémorial des unions monogames indissolubles ( ?). Chez l’homme se rencontrent la pudeur, le sentiment de la beauté, la sympathie durable et la prévoyance, facultés que ne manifeste nullement la famille animale. En vain dira-t-on que l’animal a le sentiment du beau et citera-t-on avec Darwin des faits d’ordre prétendu esthétique, comme les chants du rossignol et les constructions de plaisance des chlamydères. L’oiseau ne s’élève qu’au sentiment de l’agréable qu’il ne faut pas entendre avec l’idée du beau. Chez les « brutes » la sympathie cesse avec le besoin, chez l’homme elle naît hors du besoin ou se perpétue quand le besoin réciproque a cessé. De plus jamais l’animal n’éprouve de sympathies que pour tel et tel de ses semblables ; jamais ses affections ne revêtent un caractère général et universel. Le chien d’Ulysse peut vraisemblablement avoir gardé souvenir de son maître, jamais il ne saurait aimer la Grèce entière ni se sacrifier pour une idée comme celle de la patrie. Enfin les animaux sont incapables de prévoyance, on ne les voit point accumuler pour leurs vieux jours.

L’analyse de ce court passage n’apprendra rien de nouveau à nos lecteurs sur la question elle-même ; mais la ressemblance de ce qu’ils viennent de lire avec ce qu’on trouve dans nos manuels de philosophie un peu développés leur permettra précisément de conclure avec nous que l’école idéaliste italienne suit une voie parallèle à celle de l’école spiritualiste française, avec cette différence toutefois : que la première est en ce moment arrêtée dans sa marche et considère la philosophie comme achevée, tandis que la seconde, en contact plus étroit avec les sciences expérimentales, aspire à se mouvoir et à se renouveler.


Le numéro d’Août contient une lettre du même Mamiani à L. Ferri « sur le livre des Causes finales, de P. Janet. » Le directeur de la revue prie son collaborateur de vouloir bien se livrer à un examen attentif de l’ouvrage français ; pour lui, avant d’avoir ouvert le livre, il tient à établir la doctrine de l’école italienne (c’est-à-dire en réalité la sienne propre) sur la question des causes finales.

Il revendique d’abord pour son école la seule vraie connaissance de la cause efficiente. La conscience saisit directement la causalité dans l’action que les choses extérieures exercent sur elle : et elle transporte cette notion à l’action qu’exercent le§ choses extérieures les unes sur les autres. Il oppose cette théorie à celle des Kantistes et des Positivistes qui ne reconnaissent que des successions de faits sans liaison interne, sans connexion métaphysique.

Mais quelle que soit l’idée qu’on se fasse de la cause efficiente, on