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delbœuf. — logique algorithmique

confiance ou de présomption ; la vérité se livre à ceux qui se défient d’eux-mêmes et qui la cherchent sans parti pris.

Ainsi, à côté de la logique déductive viçnt se placer la logique inductive. Celle-ci nous apprend à bien appliquer les règles et elle n’a pas de règles elle-même, dans le sens propre du mot ; car celles qui lui servent de guides sont toutes d’induction. Comme la logique déductive, la logique inductive est le produit d’un cercle vicieux (cf. rem. 16, Troisième partie). Mais de même que les sens des animaux inférieurs se sont de plus en plus perfectionnés, et sont devenus, par exemple, l’odorat du chien, la vue de l’aigle, l’ouïe du chat, de même nos ancêtres nous ont transmis, et à notre tour nous transmettrons à nos descendants un cerveau de plus en plus antipathique à l’erreur ; notre intuition de la vérité sera plus pénétrante, nous apprendrons à rester en place plutôt qu’à nous engager dans une voie aventureuse, à faire même un pas en arrière plutôt que de courir les hasards d’une course aveugle.


Un mot encore. Je ne voudrais pas répondre que ce travail sur l’algorithmie de la logique ne contînt pas. des lapsus ou des lacunes regrettables. J’ai dû trop souvent revenir sur mes pas pour parfaire une démonstration incomplète, je me suis trop souvent aperçu que je glissais sur une mauvaise pente pour ne pas montrer un peu de circonspection. Peut-être mes essais, tout imparfaits qu’ils sont, feront à quelque amant des loisirs studieux chercher des voies plus courtes pour arriver à la démonstration des théorèmes sur les syllogismes. Il arrivera ainsi à supprimer des définitions, des propositions et des lemmes intermédiaires ; et, d’autre part, il tirera de nouvelles conséquences, et fera une application plus étendue de la méthode. Oserais-je croire que c’est là une œuvre réservée à l’avenir ? Une chose cependant me paraît actuellement acquise : c’est qu’il est possible de trouver pour la logique un système de notations qui fasse de cette science une sœur de l’arithmétique et de l’algèbre ; de lui donner plus de fixité, de précision et d’exactitude ; de la soustraire à diverses causes d’erreur ; de lui permettre enfin de fournir des solutions sûres et promptes. Ce résultat ne me paraît pas tout-à-fait à dédaigner, et m’autorise à compter sur l’indulgence de mes lecteurs.

J. Delbœuf.