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ANALYSESp. d’ercole. — La Pena di morte.

en soi au-dessus de toute atteinte), et comme cette volonté, par là qu’elle subsiste, est entrée dans la sphère d’une extension quantitative et de déterminations qualitatives, par rapport auxquelles elle est en conséquence devenue diverse ; dès lors il y a une grande différence pour le côté objectif du délit suivant que la volonté a été en général offensée dans son extension totale et dans la totalité de son concept comme par exemple dans l’homicide, dans l’asservissement, dans la coaction et en matière religieuse, etc., ou bien suivant qu’elle a été offensée seulement en partie et dans quelque détermination qualitative. »

Voilà qui est formel. M. d’Ercole reconnaît expressément qu’Hegel accorde à la société le droit de mettre à mort l’un de ses membres dans certains cas. Mais alors où en sommes-nous et qui trompe-t-on ici ? Que signifie le titre de l’ouvrage ? Et comment pouvez-vous soutenir que vous attaquez la peine de mort au nom de la philosophie hégélienne, quand Hegel, qui connaissait apparemment sa philosophie, de votre propre aveu déclare cette même peine légitime ? La philosophie hégélienne n’est-elle plus pour vous le dernier mot de la pensée philosophique, ou bien s’est-elle incarnée en vous et est-ce dans vos ouvrages qu’il faudra dorénavant la chercher ? Après cela vous aurez beau essayer d’une disjonction entre le principe accepté par Hegel et les applications qu’il en a faites, il nous sera difficile de vous écouter sérieusement.

Cependant, pour nous faire une idée de cet art d’embrouiller les choses simples qu’on appelle la logique hégélienne, il nous faut examiner de plus près la doctrine de ce livre. Il s’agit de savoir s’il y a réellement équivalence entre la peine de mort et le crime d’homicide, étant accordé d’ailleurs qu’il doit y avoir équivalence en général entre la peine et la faute. L’auteur commence par rappeler qu’il y a, selon Hegel, trois moments dans la volonté. Le premier est celui de la volonté naturelle et immédiate. « La volonté dans cette première détermination est libre, mais n’est libre que virtuellement et son contenu est aussi donné naturellement et immédiatement et consiste dans les instincts, les appétits et les inclinations. » Le second moment est le libre arbitre, la liberté formelle. Dans ce second moment on voit déjà naître la liberté de la détermination, la détermination par soi-même qui fait défaut dans le premier. Mais cette liberté n’est que formelle, puisqu’elle ne fait que choisir entre différentes impulsions fournies par la nature, sans fournir elle-même une impulsion déterminante. Le choix est donc libre, mais le contenu de ce qu’on doit choisir est donné, et pour ainsi dire imposé. Le troisième moment de la volonté est la volonté libre ou la volonté proprement dite, absolue, disons mieux, la liberté. Tandis que la volonté réfléchissante a pour objet deux éléments, c’est-à-dire l’élément sensible (appétits et instincts) et la généralité pensante (la réflexion), la volonté en soi et par soi a pour objet la volonté même comme telle, et par conséquent soi-même dans sa pure généralité. La volonté libre, à la différence de la volonté réfléchissante et élective, est la volonté rationnelle par excellence, dans laquelle le