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dans cette doctrine un sens profond ; M. d’Ercole le rejette ; il n’en garde que la forme extérieure, c’est-à-dire ce qu’il y a dans toute l’œuvre de plus faux et le plus suranné.

A. E.

Giovanni Caroli. Logica con nuovo metodo. Napoli, 1876.

Ce livre, d’apparence modeste, mérite de tenir le premier rang parmi les ouvrages de seconde main qui servent à l’enseignement ou à l’étude. L’auteur évite de se perdre en des spéculations métaphysiques ou en des digressions littéraires, facile moyen de se faire aux yeux du public italien un renom d’originalité. Professeur, il a voulu tirer au clair pour ses élèves et pour des étudiants sérieux quels qu’ils soient, tous les résultats positifs obtenus par les logiciens anciens et modernes, toutes les vérités suffisamment démontrées d’une science plus capable qu’aucune autre partie de la philosophie d’atteindre ce caractère d’impersonnalité qui est l’idéal de la science. Pour toucher ce but, il. s’est gardé de s’en tenir aux cadres, en effet incontestés dans l’école spiritualiste italienne, de la logique scolastique ; il a compris que la logique avait été renouvelée par les travaux des philosophes anglais et c’est à eux surtout qu’il est allé demander, quoique avec discrétion et sans parti-pris d’enthousiasme, la solution des problèmes logiques nés du vaste développement qu’ont pris en ces deux derniers siècles les sciences expérimentales. Et non seulement il a analysé d’après les ouvrages modernes les plus autorisés les procédés essentiels de l’esprit humain, les lois générales de la connaissance, mais il a consacré une partie importante de son ouvrage à l’exposé de la méthode qui convient à chaque science, en s’appuyant sur les découvertes mêmes de ses principaux fondateurs. De nombreux exemples viennent à l’appui de chacun de ses chapitres. Les sciences morales ne sont pas oubliées et la leçon sur la politique est dans sa brièveté tout à fait substantielle et conforme aux vues récentes qui font de cette science la plus complexe et la plus haute des sciences expérimentales. Et cependant ce livre n’est pas une œuvre d’école ; il garde même en ses nouveautés un accent d’autorité, qui tient à l’indépendance d’esprit de son auteur. Nous le recommandons vivement aux personnes qui désirent se mettre au courant des progrès de la logique et embrasser dans une vue d’ensemble les changements qu’y a produits par contre-coup le mouvement scientifique moderne. La France n’a pas de livre élémentaire de ce genre.

A. E