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e. de hartmann. — un disciple de schopenhauer.

inconsciente l’enchaînement de ces formes logiques. La pensée discursive subjective constate leur existence dans la réalité puisqu’elle les en tire par abstraction. Comme dans chaque réalité concrète, il existe un grand nombre de pareilles formes logiques et que l’idée déterminante est cependant à chaque instant une et entière, il faut que la pluralité soit conservée ou renfermée dans son unité, si l’hypothèse de cette Idée prétend à une valeur quelle qu’elle soit pour expliquer la réalité. Je ne comprends nullement comment Bahnsen prétend découvrir une contradiction dans cette opinion. Le principe logique formel détermine à chaque instant la progression concrète du contenu de l’Idée d’après le contenu donné ; le principe formel est le moment (force) constant, le contenu actuel est le moment du développement qui doit être soulevé, et ce dernier contenu devient le moment soulevé dans le contenu de toutes les intentions futures où il est conservé comme un progrès acquis, sans qu’il fût ici question le moins du monde d’une activité de l’abstraction ou d’une pensée discursive, comme Bahnsen l’admet à tort.

Les manifestations d’une volonté n’ayant pas de principe logique qui détermine son contenu, seraient par rapport au développement organique et intellectuel empirique, ce que le bêlement de la brebis ou les cris d’un fou sont relativement au langage humain. Toutes les phases, régularisées et séparées par la logique, formeraient un chaos désordonné, puisqu’une volonté individuelle absolument immuable sans disposition logique du cours de l’existence n’aurait aucun motif pour suivre un cycle déterminé dans ses manifestations. Bahnsen reconnaît lui-même que ce qui est absolument absurde ne pourrait pas exister du tout, mais il oublie malheureusement que le principe de la volonté statue en réalité un absolu aveugle, dénué de raison et d’idée et que sa théorie de la dialectique réelle attribue à ce principe aveugle une manière de se manifester tout-à-fait inintelligente et insensée. Le fait d’avoir admis que ce qui est absolument absurde se trouve dans l’impossibilité d’exister, est le point décisif marquant la rupture de Bahnsen avec la tendance de développer la métaphysique de Schopenhauer, par élimination complète de l’idéalisme objectif et indiquant son retour à l’Idéalisme post-kantien.

L’absence du logique amènerait des conséquences plus bizarres encore pour le développement des groupes d’individus (peuples. États) que pour celui de l’individu. Bahnsen est disposé à sacrifier les « caprices anti-historiques de Schopenhauer » ; il veut distinguer « des peuples historiques et d’autres restant en dehors du processus « historique, » et il ne prétend nullement contester tout et chaque « progrès historique. » Quand même cette concession est affaiblie dans