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tinctes et irréductibles, qu'ils doivent avoir des principes et des pro- cédés communs, dont l'ensemble est à chacun d'eux comme la notion d*un genre est aux espèces que ce genre contient ; on avait même essayé de formuler cette logique générale ; mais on n'avait abouti qu'à une réduction de la logique à l'algèbre j une des deux espèces était ainsi réduite et subordonnée à l'autre, et ce que l'on présentait comme une formule générique n'était, en définitive, qu'une formule spécifique indûment élevée à la fonction de genre. M. Stanley Jevons n'a pas entendu sacrifier l'un à l'autre le raisonnement qualitatif et le raisonnement quantitatif; il a voulu, évitant l'écueil où Boole a échoué, présenter un symbolisme logique général, s' étendant à tous les raisonnements sans exception, quelle que fût la nature des termes mis en rapport. Il s'agit de savoir s'il a tenu la balance aussi égale qu'il le croit, entre le raisonnement qualitatif et le raisonne- ment quantitatif, et si la constitution de sa logique générale n'a pas lieu aux dépens du premier, pour la prééminence exclusive du se- cond.

Les copules dont nous nous servons pour unir deux termes donnés sont tantôt la copule ese, et tantôt la copule =. Il est évident que l'emploi de l'une ou l'autre de ces copules est déterminé par la na- ture des notions à unir en une assertion. Ainsi, nous ne disons pas 5 -|- 3 est 8 ; mais nous disons : 5 4- 3 == 8, car former la somme 5 + 3 et former le nombre 8, sont, d'après les définitions qui cons- tituent notre système usuel de numération, deux opérations équiva- lentes. De même nous ne disons pas : Mammifère = vertébré ; mais nous disons : le mammifère est vertébré, car la somme des propriétés désignée par le terme mammifère, n'est pas équivalente ou identique à la somme des propriétés désignée par le terme vertébré; il est vrai que la seconde est contenue dans la première, et c'est précisément ce que nous exprimons en disant que le mammifère est vertébré ; mais cette inhérence de l'attribut dans le sujet n'est ni une identité,, ni une égalité, ni une équivalence de l'un et de l'autre. Les copules est et = sont donc les marques distinctives et spécifiques, la pre- mière, de la- proposition proprement dite et du raisonnement quali- tatif, la seconde, de l'équation et du raisonnement quantitatif. Il faudrait donc, pour constituer un symbolisme logique générique, exprimant uniquement ce qu'ont de commun les diverses espèces du raisonnement, faire usage d'un symbole de l'attribution, qui ne fût ni la copule est, ni la copule = ; y employer Tune de ces deux copules à l'exclusion de l'autre, c'est investir une espèce du rôle qui est censé appartenir au genre. C'est ce que fait M. Stanley Jevons, en déclarant que toute proposition revient formellement à

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