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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS



Hartmann. Fondement critique du réalisme transcendantal (2e édition). (Kritische Grundlegung des transcendentalen Realismus,) Berlin, chez Duncker, 1875.

Sous ce titre, M. de Hartmann nous donne une seconde édition, augmentée sur quelques points, de son précédent livre « La chose en soi et sa nature » (Das Ding an sich und seine Beschaffenheit). Il veut, par ce changement de nom, accuser plus nettement la différence qui sépare son réalisme métaphysique du réalisme naïf ou vulgaire, du réalisme empirique des savants positivistes comme Kirchmann, enfin de l’idéalisme transcendantal de Kant. Il n’obéit pas moins à la préoccupation, dominante chez presque tous les penseurs de l’Allemagne contemporaine, celle de concilier leurs conceptions propres avec les principes essentiels de la philosophie critique ; de trouver dans les incertitudes ou les contradictions si fréquentes du langage et de la pensée de Kant une justification aux divergences qui les séparent de ce dernier ; de placer enfin sous le patronage de la critique elle-même les nouveautés métaphysiques, qui semblent la contredire.

Les trois premiers chapitres ainsi que le 5e ont pour objet de montrer que la théorie exacte de la connaissance humaine est la condamnation de l’idéalisme subjectif ; les chapitres 4, 6 et 7, qu’elle s’accommode très-bien, au contraire, aux affirmations du réalisme transcendantal. Un chapitre final, en forme d’appendice, met en lumière les vices et l’insuffisance des arguments sur lesquels repose l’esthétique transcendantale, ce fondement essentiel de l’idéalisme critique, qu’on donne trop souvent comme inébranlable.

Dans l’introduction, l’auteur établit qu’il n’y a que trois systèmes conséquents : le réalisme naïf, celui de la foi vulgaire (nous pourrions ajouter et celui des philosophes écossais ou des éclectiques français) ; l’idéalisme dogmatique d’un Platon, d’un Leibniz avec ses monades sans fenêtres, ou encore d’un Berkeley, et l’idéalisme critique, c’est-à-dire fondé sur une analyse approfondie des lois de la pensée, comme la philosophie de Kant ; enfin le réalisme, également critique ou transcendantal, qui, à la différence du réalisme naïf et de l’idéalisme dogmatique, soutient avec Kant que « les représentations du sujet ne