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espaces finis ne sont que des limitations de l’espace total et infini, qu’en prétendant que toutes les choses finies se présentent à l’esprit comme des limitations de l’univers, et que l’idée d’un tout cosmique est une intuition a priori. Kant se trompe également, lorsqu’il veut qu’un concept ne puisse renfermer dans son extension une multitude infinie de représentations, et lorsqu’il affirme que l’intuition d’une grandeur infinie peut être donnée à l’esprit. Enfin l’apriorité des jugements mathématiques ne prouve en aucune façon l’apriorité de la matière indifférente (les intuitions de l’espace et du temps), que l’entendement fait servir dans ces jugements à ses combinaisons logiques, M. de Hartmann se félicite, dans une note, que le métaphysicien, auquel la théorie des perceptions d’étendue doit le plus après Kant, Hermann Lotze, partage la même manière de voir dans sa logique parue en 1874.

D. Nolen.

Andréa Angiulli. — La pedagogia, lo stato e la famiglia. Napoli, 1876.

Cet opuscule est consacré à l’examen des problèmes sociaux les plus graves et à l’exposition des théories par lesquelles le positivisme les résout. Au début l’auteur signale une anarchie profonde dans la société moderne, chaque homme étant en désaccord avec lui-même, chaque individu avec les autres individus, chaque classe avec les autres classes, chaque génération avec la génération qui la précède. C’est cet antagonisme universel qui crée la question sociale, et non quelque dissentiment économique partiel entre les deux principaux agents de la production. La solution de là question sociale implique donc la solution de toutes les autres questions organiques que pose la transformation de la société actuelle ; question économique, question intellectuelle, question morale, question religieuse, question politique. Selon l’auteur les solutions théoriques sont trouvées ; il ne s’agit plus que de faire passer dans les faits les vérités définitivement acquises par la science. Or « la reconstitution de l’organisme social dépend de la reconstitution mentale de tous les individus qui le composent. » C’est en changeant les idées qu’on changera les institutions et les mœurs elles-mêmes. Donc le grand instrument de la reconstruction sociale, c’est l’éducation. C’est sur le terrain de l’éducation que se livre le combat suprême de la civilisation ; on a tort de s’exagérer l’importance des facteurs ethnologiques et physiques dans le développement des peuples ; « les attributs complexes, physiques et moraux, qui distinguent l’homme de la brute sont un produit de l’histoire, c’est-à-dire de l’éducation. » L’activité collective transforme la structure mentale de l’homme, au point que des peuples de même race finissent par revêtir sous l’action de cultures diverses