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inconscients qui ressemble fort à la théorie des phénomènes que les physiologistes contemporains étudient sous le nom d’actions réflexes. Sans doute, Maine de Biran est bien loin encore de Hartmann, par exemple ; mais à mon avis l’originalité des aperçus que nous indiquons ne leur enlève rien de leur valeur. Le second fragment (de 76 pages) est plus intéressant encore. Il a pour titre : Essai sur les rapports des sciences naturelles avec la psychologie. On y trouve une foule de vues nouvelles et souvent très-hardies. Je n’indiquerai que celles qui se rapportent à l’absolu. Plus d’un philosophe, j’en suis sûr, sera surpris d’apprendre que la page que l’on va lire a été écrite vers 1815 et par Maine de Biran :

« Le relatif suppose un absolu préexistant, mais comme cet absolu cesse d’être tel et prend nécessairement le caractère de relation, dès que nous venons à le connaître, il implique contradiction de dire que nous avons quelque connaissance positive ou idée de l’absolu, quoique nous ne puissions nous empêcher de croire qu’il est, ou de l’admettre comme donnée première inséparable de notre esprit, préexistante à toute connaissance. C’est cette faculté de croire ce que nous ne pouvons admettre que de célèbres métaphysiciens ont distinguée sous le nom très-illusoire, ce me semble, d’Intuition intellectuelle, p. XLIV. »

Il est toujours un peu puéril de s’ériger en prophète, mais vraiment ici ce n’est rien risquer que de promettre à M. Gérard un succès solide, sérieux et durable. Peut-être son livre provoquera-t-il des discussions ; mais, si pareille chose arrive, M. Gérard se consolera en songeant que ce qui est médiocre n’en suscite jamais.

T.-V. Charpentier.