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« Si, parlant des données actuelles de la science, nous admettons que l’activité nerveuse, grâce aux altérations moléculaires qui la constituent et raccompagnent, et grâce aux résistances qu’elle rencontre dans le tissu nerveux même, produit une quantité appréciable de chaleur, la transmission dans les centres et notamment dans le cerveau, doit engendrer un échauffement local, indépendant de l’effet calorifique de la circulation. Supposons que cet échauffement naisse et disparaisse avec une excitation périphérique, nous aurions, avec ce fait, acquis la preuve que l’excitation a été réellement transmise aux centres, et que la transmission elle-même est liée à un mouvement moléculaire, sujet aux lois générales du mouvement des corps. Supposons encore que cet échauffement local, suite d’une excitation périphérique, persiste à se produire après la cessation de tout mouvement réflexe, dans ce cas, il serait démontré que les sensations se transmettent en partie directement jusqu’au cerveau sans l’intermédiaire d’une transmission de nature réflexe.

« Si ensuite (abstraction faite toujours, si possible, des effets calorifiques de la circulation générale), nous trouvions que le dégagement de chaleur dû à une simple sensation ou à une impression f sensorielle immédiate, est quantitativement inférieur à réchauffement local produit par une impression semblable ou même moins intense, mais accompagnée d’un acte « psychique, » nous en déduirions, avec une probabilité très-grande, que le mouvement moléculaire, source du dégagement de chaleur dans le cerveau, a été plus vif dans le dernier cas que dans le premier. Et, s’il en était ainsi, les actes psychiques eux-mêmes seraient liés à un mouvement matériel. »

M. Schiff divise son travail en deux parties : 1o la production de chaleur dans les troncs nerveux, et 2º la production de chaleur dans le cerveau ; c’est à la seconde que nous nous intéressons surtout : nous ne ferons donc qu’effleurer la première.

Laissant complètement de côté le très-court exposé historique et la très-longue description des appareils, nous décrirons à grands traits, schématiquement, une seule expérience, type de celles qui constituent la seconde série, de beaucoup la plus importante.

Les appareils consistent en un galvanomètre, en une pile thermoélectrique et en un appareil à induction pour exciter le nerf. Les deux premiers doivent être de la plus exquise sensibilité et de la précision la plus parfaite ; tous très-éloignés les uns des autres ; le troisième, si c’est possible, au fond d’une autre salle. On observe au moyen d’un télescope l’échelle du galvanomètre depuis la table où l’on opère, qui est dans le coin opposé de la salle.