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naient dans l’esprit de M. Renouvier, les données de la logique avec celles de la psychologie, de la morale et même de la « théodicée », s’il est permis de se servir de ce mot lorsqu’on parle des Essais de critique générale.


On doit maintenant, si je ne me trompe, se rendre exactement compte de la méthode de l’auteur et voir comment elle est tout à la fois rationnelle et empirique. Comme Kant, M. Renouvier part de la critique de la connaissance, et de l’analyse des lois de la représentation ; mais ces lois il les établit comme des faits généraux, et non comme des formes de la pensée ; s’il les appelle des catégories, c’est parce qu’elles répondent aux fonctions irréductibles les plus générales que nous constations en nous-mêmes, et par le moyen desquelles nous puissions comprendre les autres êtres. Ainsi le temps et l’espace ne sont pas des manières à nous d’envisager les choses, mais des propriétés réelles des choses, et cependant il n’est pas juste de dire que l’origine en est empirique, parce que ces éléments de toute représentation sont contemporains de la pensée et que la conscience ne s’explique pas plus sans eux, qu’eux sans la conscience. Il en est de même de la causalité et de la finalité et des autres catégories. Je ne me suis attaché qu’à celles dont l’étude était indispensable pour faire saisir l’esprit général du nouveau criticisme. C’est à regret que je laisse de côté la qualité et toutes les considérations logiques qui s’y rattachent : mais je suis obligé de passer sur toutes les discussions de l’auteur qui ne font pas partie intégrante et essentielle de son système[1].

VIII

Psychologie. L’animal et l’homme.


Si le problème de la synthèse totale est impossible, si celui de la réduction des phénomènes à l’unité dans la sphère du connaissable est contradictoire, puisqu’elle emporterait la négation des conditions

  1. Il n’y a, d’après M. Renouvier, de vraie logique que la logique formelle : il existe d’autres moyens de croyance que la démonstration analytique, mais toute démonstration se ramène au syllogisme. Je dois signaler tout particulièrement aux logiciens le curieux essai de réduction de tous les syllogismes à 24 modes, divisés en modes de la première, en modes de la seconde figure et en modes moyens. Il faut lire aussi l’intéressante discussion de M. Renouvier sur les quatre méthodes ou canons de la logique inductive de Stuart Mil. — Les développements de l’auteur sur la catégorie de quantité méritent, de leur côté, toute l’attention des mathématiciens.