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dans la seconde, qu’il a heureusement corrigée sur ce point, il remplace l’opposition par l’harmonie : mais corrélation n’est pas génération, causalité transitive ; les termes restent distincts dans leur concordance. Il en est de même lorsqu’on arrive aux rapports de l’organisation et de la conscience ; il y a entre l’une et l’autre des rapports incessants de dépendance réciproque, et, même mieux, on peut admettre que certaines parties du système nerveux sont des sièges distincts d’appétition présidant aux fonctions réflexes ; ce sont des consciences extérieures, non étrangères, dont nous éprouvons quelquefois une sorte de retentissement. Qui sait si les derniers éléments histologiques, les cellules, ne sont pas des consciences plus affaiblies encore ? C’est une manière parfaitement rationnelle d’interpréter la monadologie de Leibniz d’après les plus récentes découvertes de la physiologie : bien que M. Renouvier ne se prononce pas formellement sur ce dernier point, nul doute qu’il ne soit prêt à admettre cette manière de voir.

Quoi qu’il en soit, il y a harmonie entre la conscience et l’organisme ; mais quand on essaie d’expliquer la pensée et la raison, la volonté et la passion par le simple jeu des propriétés vitales, on ne commet pas seulement une faute de logique qui consiste, cette fois encore, à confondre la correspondance des phénomènes avec la causalité transitive ou immanente : on contredit en outre l’expérience ; car on ne voit, ou on ne veut voir qu’un ordre de corrélation là où il y en a deux bien distincts et aussi incontestables l’un que l’autre.

« Nous savons a priori, dit M. Renouvier, que les lois inférieures ne sont intelligibles elles-mêmes qu’en tant que représentation, c’est-à-dire ramenées à la conscience, extraites de la conscience. L’unité du monde se fait donc pour nous à ce point de vue. À tout autre qu’on imagine, le monde échappe à la connaissance, il s’ensuit de là que l’énoncé correct de l’ordre de développement est celui-ci : les représentations inférieures (c’est-à-dire les sujets que nous leur supposons, et qui sont pour nous des objets représentés), précèdent et conditionnent les représentations supérieures, de plus en plus nettement et hautement représentatives en nous. Mais ce n’est pas tout, et cette loi n’est que la moitié de ce que l’expérience nous enseigne. Lorsque l’être est envisagé à ce degré de l’évolution des phénomènes où un organisme complet est donné avec les fonctions passionnelles et volontaires, un ordre nouveau et inverse de causalité s’établit, observable, il est vrai, dans les limites de l’animalité supérieure seulement, mais cela suffit, et la loi que je constate est cela même. Les fonctions élevées à la conscience se subordonnent