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que Dieu reste fixe pendant que le temps coule : je crois cependant que l’analogie n’est pas trop forcée ; et que l’un de ces états peut, par analogie, nous servir à nous représenter l’autre. Il est inutile d’ajouter que cette extension donnée à notre principe n’est nullement essentielle au principe lui-même, et qu’il peut être accepté comme solution du problème psychologique posé, lors même qu’on n’admettrait pas l’usage que nous avons essayé d’en faire pour jeter quelque lumière sur un problème métaphysique bien autrement difficile, et d’une bien plus grave importance.

Paul Janet,
de l’Institut.

CAUSE ET EFFET


À côté des articles ou traités originaux et détaillés sur des questions de philosophie, il me semble qu’il serait bon d’avoir une série de critiques brèves sur un certain nombre de mots fondamentaux et de phrases dont l’emploi est plus ou moins constant dans tous les écrits philosophiques. De cette façon on découvrirait probablement dans quel sens vague les meilleurs écrivains emploient beaucoup de termes dont on regarde la signification comme précisée à tout jamais. Cette surveillance critique serait profitable au lecteur aussi bien qu’à l’écrivain ; celui-ci serait alors obligé de se rappeler (ce qu’il est toujours disposé à oublier) que les théories générales ne peuvent avoir aucune valeur, quand elles sont exprimées en termes spéciaux qui se contredisent eux-mêmes ; et l’attention du lecteur, détourné des généralisations hâtives auxquelles il se livre avec tant de plaisir, s’attacherait à l’analyse soigneuse des faits individuels qui forment la base de toutes les généralisations. Les mots expérience, conscience, croyance, conception, abstraction, etc., semblent exiger un nouvel et complet examen ; à un autre moment je reviendrai probablement sur quelques-unes de ces expressions ; en attendant je me permettrai de présenter quelques observations sur les mots cause et effet, et sur une phrase que l’on rencontre encore dans quelques bons auteurs philosophiques, à savoir : qu’un effet peut subsister en l’absence de sa cause.