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ANALYSESfr. harms. — Die philosophie seit Kant..

Fr. Harms. — Die philosophie seit Kant.La Philosophie depuis Kant. Berlin. Th. Grieben, 1876.

Ce livre fait partie de la Bibliothèque pour les Sciences et la Littérature qui se publie à Berlin ; il forme le second volume pour la partie philosophique. Nous ne pouvons en donner qu’un aperçu sommaire.

En voici la pensée fondamentale telle que l’auteur la formule lui-même dans sa préface, p. vii : « Fonder et développer la conception morale et historique de l’univers, d’accord et comme complément, avec la conception physique qui avait dégénéré en naturalisme dans la philosophie antérieure au Kantisme : telle est l’essence de la philosophie allemande depuis Kant. »

Ce n’est donc pas une histoire proprement dite, mais plutôt une thèse historique que ce livre met sous nos yeux. Comment M. Harms est-il parvenu à la démontrer ? Il faudrait, pour l’examiner, le suivre en détail dans toutes les parties de son œuvre. Nous ne pouvons l’entreprendre ici ; mais seulement donner un aperçu de cet ouvrage qui mérite l’attention des esprits sérieux.

Il est divisé en quatre parties qui embrassent, dans son ensemble, tout le développement de la philosophie allemande. La première renferme les commencements (Anfange) qui, aux yeux de l’auteur, sont marqués surtout par les écrits de Lessing, de Herder et de Jacobi. — La deuxième expose la fondation (Grundlegang) de cette philosophie. Elle est de beaucoup la plus importante et la plus étendue. La vie et les écrits de Kant, l’exposé et l’appréciation de son système dans toutes ses parties en sont l’objet. Elle est destinée à faire ressortir le point de vue que l’auteur du livre s’est proposé d’établir : le côté moral comme donnant la clé et comme étant le dernier mot de toute la philosophie kantienne. — La troisième partie nous fait assister au développement (Ausbildung) de la philosophie allemande dans les grands systèmes qui ont suivi Kant, ceux de Fichte, de Schelling et de Hegel. La doctrine de Fichte, qui paraît la plus favorable à la thèse que soutient l’auteur et qu’il désigne sous ce titre : l’Idéalisme éthique, est exposée dans ses points principaux avec beaucoup de soin et de détail. Les systèmes suivants de Schelling et de Fichte ont aussi la place que réclame leur importance. L’idéalisme physique de Schelling, l’idéalisme logique de Hegel forment avec l’idéalisme moral de Fichte les trois faces d’un système unique. La pensée allemande devait parcourir ces trois degrés ; néanmoins le côté historique et moral reste le côté prédominant. Aussi après Fichte la philosophie allemande s’écarte plutôt de son but qui est le but moral. Mais elle doit y revenir. C’est l’avenir de la philosophie en général. — La quatrième partie, la limitation (Einschränkung), nous montre la réaction opérée contre ces systèmes par les adversaires les plus célèbres qui, selon M. Harms, sont Schleiermacher, Herbart et Schopenhauer. M. Harms accorde, toujours conformément à son point de vue, une place très-importante à Schleiermacher.