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Ce tableau, où l’histoire de la philosophie prédomine d’une façon singulière, montre que la métaphysique est traitée maintenant historiquement. En ce qui touche la Logique et la Psychologie, si les cours sont moins nombreux qu’on ne s’y attendrait, il faut remarquer que cet enseignement est donné aussi dans les classes supérieures des Gymnases — mal donné d’ailleurs par des humanistes qui ne sont propres qu’à dégoûter leurs élèves de ces questions. — M. Wundt constate que, dans l’enseignement des Universités, la liberté des professeurs va toujours croissant et que « beaucoup ne sont nullement gênés dans l’expression de leurs opinions scientifiques, par la position qu’ils occupent. » Après ces préliminaires, l’auteur divise son exposition en deux parties : Philosophie non académique, Philosophie académique.

I. — Philosophie non académique. 1° Il y a d’abord les représentants du matérialisme et du sensualisme : L. Feuerbach, issu de l’école de Hegel, Moleschott, Vogt, Büchner, Strauss, Czolbe. Ce dernier fut l’un des plus originaux de ce mouvement ; il montre comment l’extrême naturalisme est poussé irrésistiblement vers l’idéalisme de Berkeley. D’après lui, l’essence réelle de l’univers consiste en sensations qui ont en elles-mêmes un caractère d’espace, elles sont étendues en trois dimensions ou plutôt en quatre, le temps étant aussi une dimension. — On peut rattacher à ce courant Hering, Rokitansky et Haeckel. — Lange et Zöllner ont fait une excellente critique de toutes ces doctrines. — 2° Une autre tendance est représentée par Schopenhauer et ses disciples, par Hartmann et avec lui Taubert, du Prel, Venetianer, Volkelt, Noire, Bahnsen, Nietzsche, Mainländer (probablement un pseudonyme) et par les critiques de cette école, Haym et J. H. von Kirchmann. L’auteur recherche les causes du succès prodigieux des livres de Hartmann et des tendances pessimistes et il le trouve dans une alliance d’assez mauvais aloi entre les sciences naturelles et la métaphysique.

II. — Philosophie académique. Ici un grand nombre de courants. L’Hégélianisme, autrefois si puissant, ne compte guère qu’un disciple pur, Michelet. Erdmann, Kuno Fischer, E. Zeller s’y rattachent, mais d’une manière indépendante. — La tradition de Herbart est continuée à différents points de vue par Drobisch, Lotze, Lazarus, Steinthal, Zeising. — Le Néokantisme, c’est-à-dire la doctrine qui tend à revenir à Kant et à prendre sa Critique comme point de départ de toute spéculation, compte beaucoup d’adhérents (dont plusieurs sont connus des lecteurs de la Revue), Otto Liebmann, Cohen, Bona-Meyer, qui peuvent être considérés comme plus particulièrement orthodoxes ; d’autres veulent réconcilier le Kantisme avec les résultats les plus récents de la psychologie et des sciences naturelles : Stadler, Paulsen, F. Schultze, K. Dieterich, Benno Erdmann, Laas et avant tout Albert Lange. — Le mouvement réaliste qui se rattache à Locke, Hume et Comte, est représenté par Kirchmann et Dühring.

L’auteur termine en mentionnant comme un signe du temps la fondation de la Vierteljahrsschrift et divers travaux de psychologie physiologique, à propos desquels il a la modestie exagérée de ne pas se nommer.