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LA LOI PSYCHOPHYSIQUE

ET
LE NOUVEAU LIVRE DE FECHNER



VIII. — Du seuil, et de la discontinuité dans les phénomènes naturels.


Quelle raison a donc Fechner de ne pas faire subir à ses formules les modifications, en somme très-simples, qui les purgeraient de quelques-uns des vices signalés jusqu’à présent ? Cette raison, il la trouve dans le fait déjà annoncé du seuil (die Schwelle). Il y a un seuil de l’excitation (Reizschwelle), un seuil différentiel (Unterschiedsschwelle), des seuils de rapport, de sensation, de mélange (Verhältniss-Empfîndungs-Mischungsschwelle).

C’est autour de la théorie du seuil que roule toute la psychophysique de Fechner, et on la rencontre déjà dans la psychologie de Herbart[1]. Fechner ne me ménage pas le reproche de n’en tenir aucun compte ou, du moins, de la rejeter à l’arrière-plan (p. 31, 82, 95, etc.). Il est une chose certaine d’ailleurs : c’est que tout le monde l’accepte, tandis que je n’en ai parlé qu’incidemment[2]. On l’introduit même dans le domaine de la physiologie pure. C’est ainsi que Preyer, dans sa loi myophysique, fait intervenir le seuil de l’extension (Dehnschwelle).

Qu’est-ce donc que le seuil ?

Si entre un écran et deux lumières on place un corps opaque, il y aura deux ombres projetées sur l’écran. Éloigne-t-on l’une des lampes, l’ombre qu’-elle projette va s’affaiblissant, puis elle disparaît[3]. L’ombre est toujours là à la même place ; elle est un peu plus sombre

  1. Voir Rev. phil., 1876, juillet, p. 16, l’art, de M. Ribot sur la philosophie de Herbart.
  2. Étude psych., p. 16, Théor. de la sens., p. 51.
  3. Fechner, Élém. de psych., I, p. 243.