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idées plus nombreuses, plus variées, plus générales et plus abstraites qui doivent devenir de plus en plus nécessaires pour réussir à mesure que la société progresse. » De là à la fois une dépense intérieure plus grande et une individuation plus parfaite, deux choses qui entraînent une diminution de fécondité.

La fécondité cessera de décroître le jour où le système nerveux cessera de se développer, c’est-à-dire le jour où il sera devenu capable de fournir à toutes les demandes reçues. Ainsi « l’excès de fécondité a rendu la marche de la civilisation inévitable, et la marche de la civilisation doit inévitablement diminuer la fécondité, et en définitive en détruire l’excès. »

L. Liard.

F. Magy. La Raison et l’Ame. Principes du spiritualisme. 1 vol. in-8. Paris, Durand et Pédone Lauriel, 1877.

Cet ouvrage comprend deux parties distinctes : une théorie de la raison, un essai sur la nature de l’âme humaine. Ce qui en fait l’unité, c’est, outre la connexité naturelle du problème, la pensée générale dont s’inspire l’auteur. Il y reprend et y développe les principes de philosophie spiritualiste qu’il avait exposés il y a quelques années déjà dans une remarquable étude sur la Science et la Nature[1].

I. Théorie de la raison humaine. — Elle se résume dans les deux questions suivantes : 1° déterminer la loi fondamentale de la raison ; 2° déterminer la cause de cette loi, c’est-à-dire l’essence de la raison[2].

1° Pour répondre à la première question, il faut rechercher par l’observation les fonctions diverses de la raison. Elles sont au nombre de six : 1° conception du simple, de l’abstrait, de l’homogène ; 2° conception de l’ordre ; 3° conception des axiomes ; 4° organisation de la science sous la loi des axiomes ; 5° conception des types et des rapports idéaux ; 6° conception d’un inconditionné absolu, d’un être nécessaire agissant suivant des lois générales. Cette dernière fonction a un caractère spécial : elle est intuitive et saisit immédiatement la réalité de sa conception (p. 1-49). Comme, par nature, une classification de ce genre ne comporte pas de démonstration directe, M. Magy en a demandé la vérification à la connaissance humaine telle qu’elle est donnée en fait, et, pour l’établissement de chaque fonction, il procède par l’examen des diverses sciences à une justification minutieuse. — On remarquera néanmoins que cette tentative ne conduit pas à dresser une table des catégories ; les diverses formes du jugement y sont confondues sous le nom d’axiomes et rapportées indistinctement à la troisième fonction ;

  1. La Science et la Nature. Essai de philosophie première. Paris, Ladrange, 1865.
  2. L’expression est de M. Magy. Autant que possible, on reproduira dans cette analyse les termes mêmes de l’auteur.