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après les avoir vérifiés, et de montrer quelles idées l’on se fait aujourd’hui du développement du système nerveux.

Au bas de l’échelle animale, il y a des êtres « dans lesquels on ne peut trouver aucune trace de différenciation organique ; » dans l’amibe, par exemple, les différentes propriétés par lesquelles se manifeste la vie : nutrilité, sensibilité, motricité, etc., se trouvent confondues dans une masse protoplasmique munie d’un noyau.

Chez des animaux plus élevés, on voit apparaître des organes spéciaux de soutien, de génération, de digestion. Mais il faut arriver jusqu’à l’hydre d’eau douce pour constater la première différenciation du système nerveux et du système musculaire. Le corps de cet animal présente trois couches : l’ectoderme et l’endoderme, formés de cellules d’aspect épithélial, et le mésoderne, formé d’éléments musculaires. Or, Kleinenberg a montré que les cellules de l’ectoderme se continuaient avec les fibres musculaires, et il a donné à l’ensemble de ces deux éléments le nom de cellules névro-musculaires ; « si bien que nous avons ici une cellule qui est à la fois épithéliale, puisqu’elle fait partie du tégument de l’animal, nerveuse-sensitive, nerveuse-motrice, et enfin musculaire par ses prolongements. »

Un deuxième degré de différenciation est représenté par la séparation entre la cellule épithéliale et la cellule nerveuse, et l’on a, schématiquement, une cellule épithéliale réunie par un nerf sensitif à la cellule nerveuse, qui est reliée elle-même à la fibre musculaire par un nerf moteur.

À un troisième degré, la cellule nerveuse se différencie elle-même en cellule nerveuse sensitive et en cellule nerveuse motrice.

Enfin ces divers éléments au lieu d’être isolés, à l’état de diffusion dans l’organisme, forment des groupes qui, à mesure que l’organisation animale s’élève, se fusionnent de plus en plus et finalement constituent des organes centraux, représentés chez l’homme par exemple par le système nerveux cérébro-spinal, le sympathique, etc.

Cette différenciation et cette intégration progressives pouvaient être supposées à priori ; mais il était curieux de voir l’hypothèse se vérifier, et c’est pour cette raison que nous avons cru utile d’indiquer ici les recherches de Ranvier et Kleinenberg sur l’hydre d’eau douce.

U.

Paul Kannengiesser. Dogmatismus und Skepticismus. Eine Abhandlung über das methodologische Problem in der vorkantischen Philosophie (Dogmatisme et Scepticisme, étude sur le problème méthodologique dans la philosophie antérieure à Kant). Elberfeld, Fassbender, 93 pages in-8.

L’auteur est de ceux qui se réjouissent du retour de la philosophie allemande au point de vue de Kant. Mais, dit-il, pour que ce retour constitue un progrès et soit réellement profitable à la science, il est indispensable à ses partisans de s’entendre sur la vraie nature de la méthode critique. Faute d’une entente préalable à cet égard, le néo-