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546 HEVUE PHILOSOPHIQUE

leur ont valu leurs œuvres, et elles y passent avec la connaissance \ c'est-à-dire avec des impressions rapportées par elles de leur existence antérieure. Du reste, ces impressions persistent, malgré que, dans l'intervalle qui s'écoule entre deux incarnations, les organes soient, comme cela a lieu dans le sommeil, concentrés dans l'âme ; c'est la permanence même des impressions développées par l'œuvre et résultant d'une existence précédente qui donne lieu à une incar- nation postérieure 2 . La preuve de l'existence de ces impressions d'une autre vie résulte d'ailleurs d'un fait que chacun peut observer. Un singe qui vient de naître s'attache au sein de sa mère et la suit pour cela de branche en branche. Comment posséderait-il cette adresse s'il n'en avait rapporté la notion d'une existence écoulée 3 ? Aussi, et contrairement à ce qui se passe, comme nous le verrons pour les âmes qui traversent les plantes en redescendant de la lune, celles qui transmigrent dans ces organismes inférieurs en punition de leurs méfaits y sont exposées à toutes les souffrances que com- porte une semblable condition.

Les âmes qui restent soumises à la transmigration, et particuliè- rement celles que nous avons rangées dans la deuxième catégorie et qui suivent le pitriydna, sont accompagnées non-seulement du prdna ou du souffle vital, des sens et du manas, mais elles empor- tent également avec elles les éléments subtils qui sont la semence des nouveaux corps 4 . Elles conservent aussi le souvenir ou les im- pressions du culte qu'elles ont rendu et des œuvres qu'elles ont accomplies 3 . Ces impressions persistent chez les âmes de toute ca- tégorie, car ce sont elles qui mettant en fonction l'œuvre (antérieure, c'est-à-dire ses effets), donnent l'impulsion qui dirige les âmes sur le devayâna et sur le pitriydna 6 . Toutefois, celles qui suivent cette

1. Tad {vrihiyavûdideham) upabhoganimittakshaye vrihyûdistambadehavinùçe yathà karmârjitam dehùntai^am navam navam jalûkûvat samkramante savijnànâ eva. — Çankara, Com. sur la Chândyoga-lïpanishad, V, 10,. 6.

2. Yady apy upasamhrtakaranâh. santo dehântaram gacchanti tathâpi svapnavad dehântaraprâptinimittakarmodbhâvitavâsanâjTiânena saoijnânâ eva dehâ?itaram gacchanti. Çankara, id., ibid.

3. Yadi hi sarvàhpûrvajanmânubhavavâsanâ upamrdyeran markaiâdijanmanimit- tena karmanâ markatajanmany ârabhde markatasya jâtamâtrasya mâtuh çâkhâydh çâkhântaragamane mâtur udarasamlagnatvâdikauçalam na prâpnoti. Çankara, id., V, 10, 5.

4. Jivo mukhyapi^ànasacivah. sendriyah samanasko vidyâkarmapûrvaprajnâpari- grahah pûrva deham vihâya dehântaram. pratipadyate. — Sa (jîvah) dehabijair bhùtasûkshmaih samparishvakto gacchati. Çankara, Comm. sur les Brahma-Sùtras, III, 1, 1.

5. Ou des conditions qui résultent de l'ignorance, selon qu'on lit avidyâ ou vidyâ. avidyâ prasiddhâ. vidyeti pâthe upâsanâ grâhyâ. Govenda-ânanda, Glose sur le comm. de Çank.

6. Tathârcirâdinâ dhûmâdinâ ca gamanam. svapna ivodbhûtavijnânena labdha-

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