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sciences naturelles[1]. Le plus récent est son Anthropologie. Elle contient un résumé, avec discussion, des plus récents travaux sur l’origine et le développement de l’espèce humaine. On y trouve des doctrines sages, analogues à celles des spiritualistes français. Dans le livre qui nous occupe, M. Perty dogmatise peu. Au début, il définit l’âme « ce qui en nous sent, pense et veut. » — « C’est une essence (Wesen) douée d’unité, ayant un caractère spécifique et individuel » (p. 20). Après avoir montré en détail que les mêmes phénomènes psychiques se rencontrent chez l’homme et les animaux, que ceux-ci ont leurs maladies mentales, que les anesthésiques agissent sur leur sensibilité, qu’il y a de grandes différences individuelles entre des animaux d’une même espèce, comme entre des hommes d’une même condition, il critique Darwin de ne voir qu’une différence de degré entre l’intelligence animale et l’intelligence humaine, « puisqu’un singe n’a jamais eu l’idée de façonner une pierre en outil, qu’il n’a jamais pu résoudre un problème mathématique, réfléchir sur Dieu, ou admirer les grandes scènes de la nature » (p. 30). Il revient encore dans sa conclusion sur cette différence, selon lui, essentielle. « Il ne faut pas oublier que si quelques espèces animales montrent un certain degré d’intelligence, analogue à ce qu’on trouve chez nos enfants et chez les sauvages, elles ne le doivent qu’à l’éducation qu’elles ont reçue de l’homme et à son commerce avec lui » (p. 715).

En ce qui concerne les instincts, il trouve une analogie essentielle entre eux et les phénomènes de la vie végétative. Dans l’un et l’autre cas, il y a une activité inconsciente, tendant à une fin et réglée par des lois naturelles. « Nous ne nommons une action instinctive que quand l’animal, l’accomplit avec un certain degré de conscience, mais sans que cela implique en rien la connaissance du but. Les fonctions absolument inconscientes (telles que la formation des arbres de corail ou de la coquille d’un crustacé) ne peuvent être appelées instinctives » (p. 124). L’auteur est par suite disposé à faire une très-large part à l’organisation, dans l’explication des instincts : « Je ne crois pas qu’on puisse ni qu’on doive expliquer les actes instinctifs par des représentations innées toutes formées ; mais j’admets que ces représentations naissent de conditions inhérentes à l’organisation. Tout ce qui appartient au corps se reflète dans l’esprit ; en d’autres termes, les phénomènes organiques produisent des représentations correspondantes qui deviennent de plus en plus vives et pressantes, à mesure que les processus organiques deviennent plus énergiques ; par suite, chassant la plupart des autres représentations, elles deviennent dominantes et déterminent l’être à les réaliser par un acte. » Il compare cet état à ce qui se passe

  1. Die Natur im Lichte philosophischer Anschuung. — Vorschule der Naturwissenschaft. — Grundzüge der Ethnographie. — Die mystichen Erscheinungen der menschlichen Natur. — Anthropologische Vorträge. — Die Anthropologie, als die Wissenschaft vom dem körperlichen und geistigen Wesen der Menschen. 2 vol.