Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/585

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
575
périodiques. — Mind.

une différence. Si l’on chante devant lui une gamme et qu’on lui demande de la répéter, les sons qu’il émet n’ont entre eux aucun rapport musical. Si l’on parcourt toutes les touches d’un piano d’une extrémité à l’autre de l’instrument, il ne saisit aucune différence entre un son et le son voisin ; les contrastes sont trop faibles pour être saisis par son oreille. Il entend aussi bien que les autres personnes ; et même, dans le son musical, ce qui le frappe le plus, c’est le bruit concomitant (dans le violon, le son des cordes sous l’archet ; dans l’orgue, le bruit de l’air dans le soufflet). Au point de vue esthétique, il est fermé à tout plaisir musical ; un concert n’est pour lui qu’un long ennui. En revanche, il a une oreille délicate pour la mesure en poésie et goûte beaucoup la musique de Catuell, de Tennyson, de Swinburne. Ses antécédents héréditaires sont intéressants. Son père était dénué de toute aptitude musicale ; l’une de ses sœurs a une occlusion de l’oreille droite, le méat auditif étant clos par une membrane. M. Grant Allen recherche, en finissant, si cette surdité musicale doit être attribuée à un défaut des organes périphériques ou des centres nerveux.

F. Pollock. Notes sur la Philosophie de Spinoza[1]. — Cet article a surtout pour objet de rechercher les origines juives de sa philosophie. Quelque grandeur et quelque originalité qu’on reconnaisse à Spinoza, — et l’auteur est moins disposé que personne à les contester, — on ne peut cependant considérer l'Ethique comme née tout d’une pièce. Il signale les rapports du spinozisme avec les doctrines d’Avicebron (Ibn Gebirol), auteur du Fons vitæ, 1070 ; de Maimonide, 1288-1340, auteur du Guide des égarés, et surtout avec Chasdai Creskas, de Barcelone, 1400. Tout en reconnaissant la grande influence de Descartes sur Spinoza, il nie que Spinoza ait jamais été cartésien. Il montre les rapports du spinozisme avec les diverses doctrines actuelles. Il termine en énumérant les plus récents travaux sur Spinoza, parmi lesquels nous signalons : Docteur Joël (de Breslau), Beiträge zur Geschichte der Philosophie, 1876, hébraïsant dont le travail lui a servi de guide principal ; et Camerer, Die Lehre Spinoza’s, Stuttgart, 1877, monographie très-complète et extrêmement soignée.

Helmholtz. Sur Vorigine et la signification des axiomes géométriques. — L’auteur a déjà consacré à ce sujet un premier article (analysé dans la Revue philosophique, tome II, 317). Cet article donna lieu à une critique de M. Land (voir Revue philosophique, tome III, 547). Helmholtz, dans cet article, répond à son critique. Il termine par cette conclusion :

I. Il existe une science que j’ai appelée géométrie physique, dont les propositions générales sont le produit de l’expérience.

II. L’hypothèse d’une connaissance d’axiomes par intuition trans-

  1. L’auteur a publié dans The Nineteenth Century, février 1878, sous ce titre Benedict de Spinoza, un article intéressant, surtout au point de vue biographique.