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LES THÉORIES ALLEMANDES


SUR L’ESPACE TACTILE

La connaissance de l’étendue et de ses déterminations, longueur, largeur, profondeur ou distance, position, forme, est-elle innée ou résulte-t-elle de l’expérience ? Telle est la question qui, posée et résolue diversement, surtout par des physiologistes, a donné naissance à des théories nombreuses que Helmholtz le premier, je crois, a classées sous les deux titres de nativistes et d’empiriques. Ces doctrines datent en réalité des premiers essais de psychologie ; mais ce n’est que de nos jours qu’elles se sont produites avec une conscience claire du problème à résoudre, des solutions possibles et en substituant aux déductions métaphysiques des raisons de fait, puisées dans les sciences naturelles. Le combat s’est livré particulièrement sur la question de l’espace visuel. On devait s’y attendre, la vue étant le plus élevé de nos sens, le plus riche en informations extérieures, le plus accessible aux expériences délicates. La même question se pose cependant au sujet de l’espace tactile ; et quoique l’on ne puisse pas citer ici un aussi grand nombre d’explications essayées ni des débats aussi brillants que ceux de Hering et de Helmholtz, les solutions restent au fond identiques. C’est sur cette partie peu connue du débat entre les nativistes et les empiriques que je voudrais appeler l’attention. Il y a beaucoup moins à dire que sur la question de l’étendue visuelle et les théories que les deux écoles rivales ont essayées sur ce sujet paraîtront bien maigres à ceux qui connaissent les hypothèses complexes et savantes, faites depuis vingt ans sur l’origine de l’espace visuel[1] ; mais, par là même qu’il est plus simple, le débat instruit mieux.

  1. On trouvera un très-bon exposé de ces hypothèses par M. J. Sully, dans le Mind (janvier et avril 1878) : analysé dans la Revue philosophique, tome V, p. 571.