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analyses. — ferrier. Lectures on cerebral Localisation

le symptôme doit être rapporté à une action directe ou indirecte des parties lésées, ou si même il a avec elles quelque rapport. Ce sont là des questions du plus haut intérêt, qui peuvent guider, au point de vue de la méthode, un savant ou un médecin dans ses recherches. Mais ce n’est pas ici le lieu de les traiter.

Les fonctions et les maladies du cerveau se manifestent sous deux aspects, — physiologique et psychologique. D’autre part, les phénomènes psychologiques sont de deux ordres : les phénomènes sensoriels et les phénomènes mentaux proprement dits. De ces derniers nous savons peu de chose au point de vue des localisations. En ce qui concerne la folie, par exemple, notre ignorance est assez grande pour qu’on ait pu supposer qu’elle était liée à une simple perturbation de l’âme, indépendante de lésions organiques. « Les autopsies révèlent des conditions morbides du système vasculaire, ou diverses formes de dégénération dans les vaisseaux, les cellules nerveuses, la névroglie, etc. ; mais, en exceptant peut-être la paralysie générale des aliénés, il nous reste encore à trouver s’il y a des apparences morbides spéciales qui caractérisent les formes spéciales des désordres mentaux, ou s’il y a un rapport défini entre la localisation de la lésion et les symptômes que l’on observe. »

De ses expériences, Flourens avait conclu qu’il n’y a aucune localisation, aucune différenciation de fonctions dans le cerveau, et que chaque partie de l’encéphale était un micrencéphale capable d’accomplir, à elle seule, toutes les fonctions habituellement dévolues à la masse entière. M. Ferrier fait remarquer que si des lésions unilatérales du cerveau restent latentes, on n’a jamais cherché d’une façon systématique l’influence de lésions symétriques, portant sur chaque hémisphère ; et surtout il montre les difficultés d’une pareille étude. Ceux qui ont examiné des malades savent combien il est difficile de déterminer leur état mental, de reconnaître des modifications légères et même parfois grossières de leur intelligence. Quelle confiance, alors, accorder à des constatations d’ordre psychologique faites sur des grenouilles, des pigeons, — ces victimes favorites de Flourens ? La grande erreur de ce physiologiste a été, enfin, de vouloir appliquer à l’homme les résultats de ses expériences sur les animaux inférieurs. Au point de vue des localisations, on a bien montré dans ces dernières années les différences radicales qui séparent l’homme des autres animaux ; et c’est ce qui justifie les tentatives heureuses de M. Ferrier, qui a surtout expérimenté sur les espèces qui se rapprochent le plus de l’homme, sur les singes.

Dans les maladies du cerveau, les localisations les plus précises sont celles qui touchent aux centres des mouvements ; quant aux centres sensoriels, ils sont encore loin, comme nous le verrons, d’avoir été aussi nettement limités, du moins en ce qui concerne l’homme.

M. Brown-Séquard, un adversaire implacable des localisations, a voulu ruiner toute la théorie en s’attaquant à la plus vieille et à la mieux