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connue. Il a contesté la loi de l’action croisée des hémisphères cérébraux : un ramollissement de l’hémisphère gauche, par exemple, ne serait pas toujours suivi, d’après lui, d’une paralysie de la moitié droite du corps ; et il cite plus de deux cents cas où la paralysie aurait siégé du même côté que la lésion cérébrale. On s’accorde généralement à trouver la plupart de ces faits contestables, et le petit nombre de ceux qui paraissent authentiques s’expliqueraient facilement par une anomalie de structure du bulbe au niveau de l’entrecroisement des fibres de la moelle. — Aussi il est bien probable que la loi de l’action croisée des hémisphères restera encore longtemps, sinon toujours, vraie.

Dans la première moitié de ce siècle, on a fait d’autres essais, mais infructueux, de localisation ; et il faut remonter jusqu’à nos jours, jusqu’à Broca et Hughlings Jackson, pour voir la question se poser sous un nouvel aspect, à un point de vue méthodique et vraiment scientifique.

À Broca, nous devons la découverte du siège anatomique de ce que l’on a appelé la faculté du langage ; à Jackson, cette idée, qui devait faire fortune, que les « circonvolutions cérébrales sont elles-mêmes motrices, et qu’elles sont capables, sous l’influence d’excitations, de provoquer des mouvements. »

Nous ne rappellerons pas les expériences de Hitzig, suivies de celles de Ferrier et de tant d’autres qui ont démontré, contrairement à l’axiome de Flourens, que les circonvolutions étaient excitables ; nous préférons indiquer les raisons nouvelles invoquées par Ferrier pour prouver que les effets des excitations cérébrales ne sont pas dus à des phénomènes à distance, à l’excitation par exemple des corps striés ou des noyaux bulbaires, mais bien à l’action de « centres moteurs » siégeant dans la substance grise des circonvolutions.

On prétend qu’il est impossible de limiter l’excitation électrique à un point du cerveau et qu’il y a toujours des phénomènes de diffusion : soit ; mais comment expliquer autrement que par une action locale « les résultats uniformes, définis, que l’on peut prédire à l’avance, de l’application des électrodes sur une région, tandis qu’il se produit soudainement un autre mouvement également défini, également constant, que l’on peut également prédire, quand les électrodes sont transportées dans une autre région, dans le voisinage immédiat de la première. »

Les adversaires de l’existence des centres corticaux objectent encore que les mêmes phénomènes se produisent quand la substance grise des circonvolutions, qui par suite ne jouerait aucun rôle, a été enlevée. M. Ferrier répond avec juste raison que, si l’on appliquait le même raisonnement aux nerfs périphériques, on en conclurait que les corps striés, les pédoncules cérébraux et la moelle épinière n’ont pas de fonctions motrices.

Il y a des expériences intéressantes et d’un caractère positif, qui montrent que, suivant les lois de l’excitation des centres nerveux, la