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R. Bobba. La doctrine de la liberté selon Herzen et Spencer dans son rapport avec la morale. Le livre du premier sur la liberté est analysé avec intelligence et conscience, bien que les conclusions en soient condamnées au nom de la morale kantienne.

C. Cantoni. G. M. Bertini. Cette notice biographique est l’œuvre d’un élève de Bertini ; elle nous apprend que ce professeur, qui enseignait depuis 1847 l’histoire de la philosophie à Turin, a porté surtout son attention sur Socrate et Platon. Deux mémoires qui ont précisément ces deux philosophes pour objet et une étude sur Descartes sont les premières et les seules traces d’un vaste travail sur l’histoire de la philosophie que le modeste professeur s’était décidé à entreprendre sur les instances de M. Berti, alors ministre de l’instruction publique. Bertini avait peu de réputation même en Italie. On loue beaucoup ici un mémoire sur les idées de Platon. — Un fait intéressant à constater c’est que M. Cantoni, comme M. Mamiani, se plaint amèrement du peu de goût que montre le public italien pour les publications philosophiques et de la difficulté qu’ont les auteurs à trouver qui les édite. Cela peut tenir à l’une de ces deux causes, ou le défaut de culture du public, ou la monotonie et le vide de plusieurs des ouvrages publiés, peut-être à toutes les deux à la fois.

Une lettre de M. Mamiani renferme quelques réflexions sur la philosophie de Hume à l’occasion de la traduction que MM. Renouvier et Pillon ont récemment publiée du Traité de la nature humaine, M. Mamiani rappelle que, dans plusieurs de ses ouvrages, il a réfuté définitivement à son sens la critique de Kant et de Hume sur la portée des idées de la raison, notamment de l’idée de cause. — M. Giacinto Fontana donne une analyse d’un nouveau livre de M. Baldassare Labanca sur Giacomo Zabarella, philosophe de l’école de Padoue. La question de la matière première, agitée par Zabarella d’après les commentateurs d’Aristote, fournit à M. Fontana l’occasion d’une intéressante discussion historique : de curieux passages de saint Augustin et de saint Thomas sont cités à l’appui. La cosmologie de Zabarella, sa psychologie et sa logique sont, paraît-il, soigneusement étudiées par M. Labanca. À propos de sa logique on relève une théorie curieuse contenue dans un ouvrage intitulé De Regressu. C’est précisément la théorie exposée par Descartes dans la 6e  partie du Discours dé la méthode, théorie selon laquelle, quand le vague et l’indétermination du raisonnement à priori ne nous permettent pas de descendre sûrement des causes aux effets, il convient de remonter des effets aux causes, d’aller, comme dit Descartes, au-devant des causes par les effets. Zabarella est un des vigoureux penseurs du xviie siècle ; Rosmini et M. Florentine s’étaient déjà occupés de lui. — M. Berti vient de faire paraître un mémoire sur Cesare Cremonino, un autre philosophe de l’école de Padoue (1550-1630). Ce Cremonino était un homme du moyen âge, bien que lié avec Galilée, son collègue à l’université de Padoue. « C’est une chose curieuse que le parallélisme de ce double enseignement mis en lumière