Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/592

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
586
revue philosophique

pipé. La conscience peut-elle contribuer à piper les dés ? Telle est la question.

Il faut d’abord remarquer que l’auteur entend par conscience l’activité mentale en général. Il la considère avec Ulrici comme une Unterscheidungsvermögen, une faculté de discernement. Il va même plus loin : la conscience connaît, discerne et compare ; elle existe en vue d’un choix, d’une sélection. Ceci posé, l’auteur montre que dans l’ordre du développement scientifique, esthétique et moral, il est très-important et très-utile de posséder cette faculté de sélection. On peut donc, en s’appuyant sur le principe même de Darwin, tirer de sa théorie des arguments en faveur de la conscience. Les darwiniens considèrent le monde comme une table sur laquelle les dés sont jetés perpétuellement au hasard. De temps en temps arrive un coup de chance par lequel les conditions d’existence sont réalisées. Le cerveau, à mesure qu’il se complique, étend encore le domaine de l’accident ; mais, si nous lui donnons la conscience comme pouvoir d’exercer une pression constante dans le sens de la survivance, le nombre des coups perdus est immensément réduit, et le temps abrégé en proportion pour l’évolution. Tel est l’argument d’utilité que l’auteur fait valoir en faveur de La théorie du sens commun.

Sous le titre On discord, c’est-à-dire les dissonances musicales et les contrastes tranchés dans l’ordre des sensations visuelles, M. E. Gurney critique la formule adoptée par M. Grant Allen dans son Esthétique physiologique. « La condition la plus favorable au plaisir pour les sens supérieurs est un maximum d’excitation avec un minimum de fatigue. » Pour l’étude critique de cet ouvrage, voir la Revue philosophique, janvier 1878, tome v, p. 89.

John Venn : Les difficultés de la logique matérielle. — L’auteur se rattache à la distinction posée par Herbert Spencer entre la science de la logique et la théorie du raisonnement : « La logique formule les lois les plus générales de corrélation entre des existences considérées comme objectives. La théorie du raisonnement formule les lois les plus générales de corrélation entre les idées correspondant à ces existences. » M. Venn, tout en soutenant que la logique doit viser à devenir une science tout objective, montre par divers exemples les difficultés pratiques qui, dans l’état actuel des sciences, s’opposent à ce qu’elle soit traitée comme telle. C’est un idéal dont nous sommes indéfiniment éloignés. Pour le moment, la logique est une science qui donne les règles propres à convertir le subjectif en objectif.

L’étude de M. F. Pollock sur Marc Aurèle et la Philosophie stoïcienne est, croyons-nous, le premier article que le Mind ait publié sur la philosophie ancienne. Travail sérieux et approfondi, qui a pour objet plutôt le stoïcisme à l’époque de son plein développement que Marc Aurèle lui-même. Beaucoup de remarques et de rapprochements ingénieux : par exemple, entre la sagesse stoïcienne, la grâce des chrétiens et le nirvana bouddhique, entendu au sens de passionless perfection, etc.