Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/672

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
666
revue philosophique

faudrait ajouter une parole encore à son titre, puisque à proprement parler, « c’est du développement de la philosophie kantienne par Herbart » qu’il s’occupe.

Cependant Drobisch n’a pas défini avec une exactitude suffisante l’importance actuelle du système herbartien et il n’a pas étudié d’assez près la position qu’il occupe dans l’histoire de la philosophie moderne en général. Nous désirons remplir cette lacune dans la dernière partie de ce travail, tout en nous appuyant sur les résultats obtenus par lui et Zimmermann.

Cette tâche nous paraît d’autant plus nécessaire que les opinions sur ce point sont encore partagées et souvent même erronées, ainsi que le prouvent les diverses histoires de la philosophie publiées de nos jours. Le but que nous nous proposons est de répondre aux questions suivantes : Quelle est la position de Herbart dans l’histoire de la spéculation du xixe siècle en général ? En quoi a-t-il contribué à son progrès, et quelles sont, parmi ses idées, celles que la philosophie s’est déjà appropriées ou qu’elle devra s’approprier et développer encore ? Nous voulons compléter de cette manière l’hommage rendu par Drobisch et Zimmermann à la mémoire de cet illustre penseur.

III

Il ne faut pas avoir une connaissance profonde de l’histoire de la philosophie moderne pour se convaincre qu’elle a suivi, à partir de la Renaissance, deux directions opposées.

Lorsque l’ancien édifice de la science se fut écroulé entraînant dans sa chute la philosophie scolastique, on procéda à la construction d’un édifice nouveau par deux voies différentes. Les uns cherchèrent une base solide pour la science dans l’intérieur même de l’homme ; les autres la demandèrent à la réalité environnante. Lès premiers de ces penseurs prirent pour point de départ les idées générales acceptées à priori par notre esprit comme vérités évidentes ; les seconds appuyèrent leur raisonnement sur les faits conquis par l’expérience.

Il ne faut pas se représenter toutefois ces deux directions comme adonnées exclusivement, l’une à la spéculation, l’autre à l’expérience. Il y a spéculation dans chacune d’elles, seulement la philosophie d’un Descartes commence par les idées, par le contenu intellectuel de l’homme, tandis que celle de Galilée procède par les phénomènes extérieurs, sachant discerner toujours, comme dit