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analyses. — pietro siciliani. La scienza dell'educazione.

qui complètent son cours de pédagogie théorique : 1o la force de l’hérédité ; 2o le tempérament individuel (au point de vue physique) ; 3o le caractère individuel (au point vue moral).

III. Pédagogie appliquée. — Nous ne pouvons suivre M. Siciliani dans tous les développements de cette troisième partie, qui est de beaucoup la plus intéressante et la plus riche. Contentons-nous de signaler quelques-unes de ses opinions sur l’organisation de l’instruction à différents degrés[1].

L’instruction primaire, celle que l’on reçoit dans la famille, dans la petite école (la scoletta) et dans l’école primaire, préoccupe à juste raison M. Siciliani. Il en exclut le catéchisme religieux, mais il y introduit le catéchisme moral. « Si l’État a le devoir, dit-il, d’exclure de l’école primaire le catéchisme religieux et par suite la faculté de supprimer toute école qui n’est pas organisée laïquement, il a aussi le droit et en même temps le devoir d’imposer un catéchisme moral. » L’école sera donc laïque, mais elle ne sera pas pour cela une école irréligieuse, comme on le prétend. « Fondée sur les principes de la science, elle sera une école naturellement et rationnellement religieuse. » L’école primaire sera obligatoire, mais elle ne sera pas gratuite : la famille doit payer la rétribution scolaire. La liberté d’enseignement entendue dans son sens absolu est « une erreur très grave ». M. Siciliani est de ceux qui croient que la liberté d’enseignement est un danger pour l’État, un attentat à ses droits, et que nous ne devons nullement la liberté à ceux qui ne s’en serviraient que pour préparer notre servitude intellectuelle et politique.

Quant aux méthodes d’enseignement, M. Siciliani souhaite une liberté absolue pour l’instruction supérieure, une liberté très limitée pour l’instruction primaire, et il expose avec une grande force les raisons de cette différence.

Dans l’enseignement secondaire, il s’efforce de tenir la balance égale entre les réalistes et les humanistes, entre l’enseignement technique et l’enseignement classique.

Dans l’enseignement supérieur, M. Siciliani, entre autres innovations, réclame l’institution dans toutes les universités d’une chaire de pédagogie. Il voudrait que l’on fit ailleurs, avec l’autorité d’un titre officiel, ce qu’il a tenté à Bologne par une initiative toute personnelle et toute spontanée. Il est intéressant de remarquer que presque partout à cette heure, dans les grands pays civilisés, le même vœu se fait jour et qu’on réclame de divers côtés l’établissement d’un haut enseignement pédagogique. Cette année même, on a organisé à l’Université de Cambridge

  1. M. Siciliani donne pour épigraphe à la 3e partie de son livre cette phrase de Leibnitz : « Je me chargerais de changer le monde si je pouvais changer l’éducation des générations naissantes. » Leibnitz n’a pas parlé aussi emphatiquement. Voici le texte exact de ses paroles : Cogitanti mihi de rationibus procurandi publici boni, succurrit sane emendatum iri humanum genus educatione juventutis in melius informata. (Leibnitz, éd. Dutens, t. VI, p. (35.)