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génération et d’évolution par lesquels l’embryon constitue à l’origine ses organes et ses éléments anatomiques » ; la nutrition n’est qu’une « génération continuée », la génération une manifestation de la puissance évolutive primitivement imprimée à l’ovule, la vie une « répétition » (Cl. Bernard). Les transformistes veulent que la vie, prise à ses origines, ne soit qu’une combinaison physico-chimique spéciale ; l’unité vitale ne serait donc point une essence nouvelle. Selon les biologistes, cette unité directrice de l’évolution individuelle est le caractère dominateur de l’être organisé comparé aux choses inorganiques.

L’unité d’organisation de chaque être vivant n’est pour le transformisme que le produit d’une composition infiniment lente et progressive. Cette même harmonie organique est au contraire fondamentale, primordiale, irréformable aux yeux du biologiste. « Un animal quelconque, disait le naturaliste Ch. Bonnet, est un système particulier dont toutes les parties sont en rapport ou harmoniques entre elles. Le cerveau du cheval répond à sa botte, comme le cheval lui-même répond à la place qu’il tient dans le système organique. Si la botte venait à se convertir en doigts flexibles, il n’en demeurerait pas moins incapable de généraliser les sensations ; c’est que la botte subsisterait dans le cerveau. Et si l’on voulait que le cerveau du cheval subît un changement proportionnel à celui de ses pieds, je dirais que ce ne serait plus un cheval, mais un autre quadrupède, auquel il faudrait imposer un nouveau nom. » C’est par des changements analogues, infiniment variés, que le darwinisme croit rendre compte de la différenciation successive et généalogique des espèces : malheureusement l’idée de cette phylogenèse antéhistorique n’est qu’une hypothèse extra-expérimentale.

Il reste que le transformisme n’explique en réalité ni l’évolution de l’individu ou de l’espèce, ni l’évolution plus générale du règne organique. De toute façon, ses raisons sont empruntées à la physique, à la mécanique ou à la mathématique ; or ces trois manières d’envisager les phénomènes de la vie ne sont que des points de vue analytiques au-dessus desquels il y a l’ordre des conceptions synthétiques imposées par l’expérience immédiate. Aux concepts de l’analyse il faut réunir ceux de la synthèse pour avoir des choses une idée aussi exacte qu’elle peut être pour une intelligence humaine. Toute tentative pour réduire ces deux modes antinomiques de représentation ou de conception est vaine.

Albert Debon.

Robert Flint. Antitheistic Théories. (Blackwood and Sons, Edinburgh and London, 1879.)

Le nouveau livre que vient de donner M. Robert Flint forme le complément naturel de celui qui a paru en 1877, sous le titre de Theism C’est une série de leçons faites devant un public où les gens du monde