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analyses. — wigand. Der Darwinismus.

se mêlent aux étudiants. Le caractère de l’ouvrage se trouve par là suffisamment indiqué ; certaines discussions, certaines théories trop abstraites doivent nécessairement être écartées, et la forme doit prêter un intérêt soutenu à l’austérité du sujet. M. Flint a soin de nous prévenir lui-même qu’il a voulu faire a semi-popular work et qu’il a cru par suite devoir passer sous silence l’importante doctrine de l’inconnaissable (modem agnosticism). Il n’en faudrait pourtant pas conclure que le livre de M. Flint n’est autre chose qu’une œuvre de vulgarisation ou d’édification : les systèmes y sont exposés avec largeur et sincérité ; la critique est pénétrante, approfondie, armée de toutes les ressources d’une dialectique à la fois ingénieuse et vigoureuse, et d’un savoir très étendu. Ajoutons que le style, d’une rare élégance, reçoit des convictions de l’écrivain une sorte de chaleur communicative, et que l’auteur ne se départit jamais de la justice et des égards envers ceux dont il attaque les doctrines : mérite qu’on ne saurait trop louer chez un théologien.

La première leçon est consacrée à l’athéisme. M. Flint commence par déterminer le sens précis du mot, et s’attache à montrer que l’athéisme, s’il ne se borne pas à une simple critique des preuves du théisme, s’il prétend affirmer dogmatiquement la non-existence de Dieu, est essentiellement irrationnel. Il renouvelle contre lui un argument resté célèbre dans l’histoire de la théologie anglaise.

« L’athéisme absolu suppose, dit Foster, une science infinie ; car, à moins d’être présent en un même instant à tous les points de l’univers, l’homme ne peut savoir s’il n’y a pas quelque part des manifestations de la divinité. S’il ne connaît pas absolument chacun des agents de l’univers, celui qu’il ne connaît pas peut être Dieu. S’il n’est pas lui-même le principal agent dans l’univers et s’il ignore quel est cet agent principal, il est possible que ce soit Dieu. S’il n’est pas absolument en possession de toutes les propositions qui constituent la vérité universelle, l’une de celles qui lui manquent peut être précisément cette proposition qu’un y a un Dieu. S’il ne peut assigner avec certitude la cause de tout ce dont il perçoit l’existence, cette cause peut être Dieu. S’il ne connaît pas tout ce qui a été fait dans l’immensité des âges écoulés, il se peut que certaines choses aient été faites par un Dieu. Ainsi, à moins de connaître toutes choses, c’est-à-dire de rendre impossible l’existence d’une autre divinité en étant Dieu lui-même, l’athée ne peut savoir si l’Etre dont il rejette l’existence n’existe pas. »

Ce raisonnement, reproduit et paraphrasé en termes oratoires par Chalmers, paraît décisif à M. Flint. On doit remarquer en effet que la position du théisme est bien plus favorable. Il n’est pas tenu de tout connaître pour avoir le droit d’affirmer l’existence de Dieu : il lui suffit de découvrir dans un canton étroit de la nature, dans le règne animal ou végétal par exemple, les marques d’une cause intelligente qui ne saurait être la matière. Nous admettrons donc parfaitement que l’athéisme ne peut être dogmatique sans contradiction. Mais il reprend