Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
352
revue philosophique

faites avec Brissaud[1], que chez les hystériques atteintes d’hystérie grave (hysteria major) les divers muscles peuvent entrer en contracture par le fait d’une simple excitation. Ainsi, lorsqu’on tend fortement le bras d’une hystérique de manière à tirer sur le tendon du triceps brachial, ce muscle va aussitôt se contracturer sans pouvoir se relâcher par l’influence de la volonté. Chez certaines personnes qui, avant les pratiques magnétiques, ne présentaient pas ce phénomène, on peut constater qu’il apparaît après quelques minutes de magnétisation. Il y a quelques jours, j’ai pu observer cela de la manière la plus nette. La personne que j’ai essayé d’endormir, peu ou point hystérique, n’avait, en apparence, rien ressenti des passes pratiquées pendant dix minutes. Elle était complètement éveillée, et raillait l’inefficacité de mes efforts. Mais, après que je lui eus tendu le bras, il lui fut impossible de le plier. De même, je pus contracturer le sterno-mastoïdien, les muscles moteurs du globe oculaire, les fléchisseurs des doigts, etc. Elle se comparait à une poupée articulée, car ses membres raidis ne pouvaient accomplir que des mouvements saccadés. Il y a là, évidemment, un certain rapport entre les effets du magnétisme et ceux de l’hystérie grave[2]

En général, au premier degré du sommeil magnétique, on n’observe pas de pareils symptômes ; il n’y a guère qu’une sorte de torpeur plus ou moins profonde. La conservation de la conscience et de la mémoire est complète ; tous les événements extérieurs sont nettement perçus ; il n’y a pas d’anesthésie ni de catalepsie. Si l’on dit au patient : « Voilà qui est fini, levez-vous ! » il se lève, se frotte les yeux, et assure n’avoir subi aucune influence. De fait, il n’a pas perdu un seul instant la conscience de son état, et il a conservé le souvenir exact de tout ce qui s’est passé. Tout au plus éprouve-t-il un peu de lassitude dans les jambes et dans les bras, une certaine oppression de la respiration, quelque fatigue dans la vue, de l’impuissance et du tremblement dans les muscles[3].

  1. Progrès médical, Mai-juin 1880. Faits pour servir à l’histoire des contractures.
  2. Je n’insisterai pas sur les symptômes curieux observés chez cette personne, Mme H…, car ils diffèrent beaucoup de tout ce que j’avais vu jusque alors. Chez elle, on obtient absolument tous les phénomènes du somnambulisme, à l’exception du sommeil. La mémoire, la conscience sont conservées. Nulle modification apparente n’est survenue. Les yeux sont ouverts, la volonté paraît intacte. Et cependant on peut constater certains phénomènes extrêmement nets d’automatisme, de suggestion, d’extase.
  3. C’est ce que j’ai observé sur moi-même, après qu’un magnétiseur eut essayé de m’endormir. Il n’obtint aucun résultat bien marqué. Mais j’éprouvais une très grande lassitude ; et c’est à peine si je pouvais me tenir sur mes jambes, qui fléchissaient sous moi.