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inverse, parce que si, en fait, l’esprit déduit avant de songer à contrôler ses majeures, en réalité néanmoins, la science commence par l’induction, et nos erreurs viennent beaucoup plus souvent de généralisations illégitimes que de syllogismes mal faits.

Il y a plus à relever dans le programme de Morale. Les leçons sur la notion de l’Etat, les devoirs civiques, la patrie seront nouvelles pour plus d’un professeur ; mais tous les feront avec plaisir. Elles répondent au désir exprimé par beaucoup d’entre eux, de toucher parfois à la pratique de la vie et de se rendre plus directement utiles au pays. Un bachelier n’aura plus le droit d’être tout à fait ignorant des institutions nationales, de l’organisation de la société, du fondement des lois civiles et politiques.

C’est dans le même esprit qu’on a ajouté, sur la demande de M. Jules Simon, quelques leçons d’économie politique. On était d’accord sur l’utilité de ces notions ; la question était de savoir si l’on en ferait une partie du cours toute distincte, ou si on les rattacherait à la morale. Quelques-uns voulaient pour l’économie politique une place à part, afin qu’on lui donnât un temps suffisant, et pour bien marquer qu’elle demande une étude spéciale. Mais d’autres craignaient précisément qu’elle ne devînt envahissante et ne prît plus de temps qu’il ne convient au professeur de philosophie, lequel peut après tout manquer de connaissances techniques à cet égard. Il semblait à ceux-là que la théorie de la richesse ne pouvait être enseignée par ce professeur que d’une manière très générale et très haute, c’est-à-dire à condition d’être liée et subordonnée à des principes supérieurs, proprement philosophiques. — On a tâché de donner satisfaction aux uns et aux autres, en plaçant ces leçons à la suite de la morale, et en réalité dans la morale même, mais à une place distincte et sous la rubrique particulière : Notions d’économie politique.

Ce qu’on reprochera sans doute le plus justement à ce programme, comme à tous les autres, c’est d’être bien long et bien chargé. Mais il fau ; savoir choisir et ne pas vouloir tout dire. On mettra en relief ce qui importe, sans se croire tenu d’insister sur tout également. On développera davantage telle partie une année, telle partie une autre ; le tout est de donner aux élèves des principes et une méthode et de leur apprendre à trouver eux-mêmes ce qu’ils ne savent pas encore à l’aide de ce qu’ils savent déjà.

Faut-il dire maintenant un mot des Auteurs ? On en a changé tout à fait et surtout abrégé la liste ; voici pourquoi.

Tout le monde sait que les textes si nombreux portés à l’ancien programme n’étaient pas toujours, ou, pour mieux dire, n’étaient