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pratiquer l’art de découvrir et de rompre les associations funestes.

Nous avons analysé servilement le chapitre de Turnbull. Est-il possible de trouver une pensée plus incohérente et plus candide ? Nous ne savons pas s’il fut heureux que la philosophie de l’association fût ainsi restreinte, mais il est certain que cela n’a pas porté bonheur au premier de ceux qui s’en sont chargés. Turnbull du reste ne se doutait pas du service qu’il rendait. Reid, son élève, s’oppose à la philosophie de l’association en connaissance de cause. Dans le chapitre III du second de ses Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme (1785) et dans le chapitre IV du second, se trouvent : 1o une critique de Hume et de Hartley, 2o un exposé de ses propres idées. En 1777, il avait déjà donné des « Réflexions mêlées sur l’Exposé présenté par Priestley de la théorie de Hartley sur l’esprit humain. » M. Ferri analyse avec soin les développements de Reid et convient de bonne grâce que ses critiques contre Hume et Hartley sont faibles. Hartley, dit-il, était mieux avisé dans ses hardiesses que Reid dans ses timidités. Quant à la théorie propre de celui-ci, elle relève, dit-il, de la philosophie du sens commun : elle est une explication de l’obscurium per obscurius, de l’idem per idem. « Le problème de l’association ne peut être résolu comme Reid l’a proposé de le faire, sans un cercle manifeste. » Même jugement sur la solution de Stewart et de Brown. La pensée de Hamilton est d’une toute autre valeur.

Hamilton (Eléments de la philosophie de l’esprit humain, tome II ; Esquisse de philosophie morale, 1re partie de la section VI, de l’association des idées ; Dissertations historiques et critiques à la suite des œuvres de Reid) cherche à former une liste systématique des associations fondamentales. Les sept classes de rapports possibles entre les idées : simultanéité ou succession immédiate dans le temps, limitation réciproque ou contiguïté dans l’espace, dépendance par liaison de la cause à l’effet, du moyen à la fin, du tout à la partie, contraste ou similitude, rapport des opérations au même pouvoir ou des divers pouvoirs au même objet, relation entre le signe et la chose signifiée, désignation accidentelle des mêmes objets par le moyen d’un même son, peuvent se ramener à deux lois, celle de la simultanéité des pensées et celle de la ressemblance ou de l’affinité. Et même ces deux lois peuvent se déduire d’une loi plus simple ; c’est la loi de rédintégration ou de totalité, en vertu de laquelle les pensées qui ont fait partie antérieurement d’un même acte entier ou total de connaissance se rappellent les unes les autres. Et « cette loi suprême de l’association : que les activités s’excitent l’une l’autre dans la mesure où elles ont été antérieurement attachées comme parties à une activité totale, s’explique par un principe encore plus universel : l’unité de notre énergie mentale en général. » (Lectures on metaphysics, vol. II, p. 241.)

Cette théorie mérite assurément d’être prise en considération ; mais est-elle une restriction de la philosophie associationniste ? N’en est-elle pas au contraire l’extension la plus radicale, du point de vue