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th. ribot. — les désordres partiels de la mémoire.

Le problème est actuellement trop obscur pour que ce travail puisse être fait.

Les mêmes remarques sont applicables au mécanisme suivant lequel ces amnésies se produisent. D’abord, nous ne savons rien du mécanisme physiologique propre à chaque forme. De ce côté, tout moyen d’explication nous fait défaut. Quant au mécanisme psychologique, voici ce qu’on peut supposer. Il y a parmi les amnésies partielles qui nous occupent deux cas principaux : destruction, suspension. Le premier cas est le résultat immédiat de la désorganisation des éléments nerveux. Dans le second cas, un certain groupe d’éléments reste temporairement isolé et impuissant ; en termes psychologiques, il reste en dehors du mécanisme de l’association. Le fait cité par Carpenter suggère cette explication. La solidarité intime qui existe entre les diverses parties de l’encéphale et par suite entre les divers états psychiques persiste en général. Seuls ces groupes, avec la somme de souvenirs qu’ils représentent, sont en quelque sorte immobilisés, inaccessibles à l’action des autres groupes, incapables pendant un temps de rentrer dans la conscience. Cet état ne peut résulter que de conditions physiologiques qui nous échappent.


II

Nous avons réservé pour une étude particulière une forme d’amnésie partielle : celle des signes, mot que nous employons dans son sens le plus large, c’est-à-dire comme comprenant tous les moyens dont l’homme dispose pour exprimer ses sentiments et ses idées. Nous avons là un sujet bien délimité, riche en faits à la fois semblables et différents, puisqu’ils ont un caractère psychologique commun, ce sont des signes ; et que cependant ils diffèrent quant à leur nature, — signes vocaux, écriture, gestes, dessin, musique. Ils sont facilement et fréquemment observables, bien localisés et par leur variété se prêtent à la comparaison et à l’analyse. Nous verrons de plus que cette classe d’amnésies partielles vérifie d’une manière très remarquable la loi de dissolution de la mémoire que nous avons exposée dans un précédent article sous sa forme la plus générale.

Avant tout, il faut éviter un malentendu. Le lecteur pourrait croire que nous allons étudier l’aphasie. Il n’en est rien. Dans la plupart des cas, l’aphasie suppose bien un désordre de la mémoire, mais